Marc Salbert, Amour, gloire et dentiers

Vieillards se niquent et belles dentelles

C’est dans l’Auge (pas le réci­pient mais le pays) que se trouve un « Jar­din d’Eden » qui ne mérite pas — du moins a priori et for­cé­ment — son nom tant il y a d’Edern à lier. Entre autres, un nou­vel arri­vant pré­nommé Sta­nis­las. Il vient dans cette mai­son confor­table diri­gée par son fils et qui ne s’attendait pas à un tel hôte de ses bois.
Le fils pro­dige n’avait aucune envie de retrou­ver un père pro­digue en couacs, men­songes et frasques. Et ce der­nier garde un coup d’avance ( d’autant que le fis­ton à une autre chatte à s’occuper). Le géni­teur accuse de spo­lia­tion celui chez qui il vient qué­man­der une ultime aumône. Le vieillard vient d’être écon­duit par une jeune maî­tresse (môme aux chromes ruti­lants) à laquelle il avait pro­mis à défaut de rubis le fran­chis­se­ment du Rubi­con sous forme d’un rôle dans un film.

Car Car Sta­nis­las fut réa­li­sa­teur d’œuvres  dou­teuses et ratées. A force de suivre les diverse vagues de cinéma sans jamais les atteindre, il n’a créé que des sous-produits dans des genres B : péplums, films d’action, films éro­tiques. Néan­moins, il a connu quelques suc­cès grâce à des mal­en­ten­dus, ce qui lui per­mit de jouer les flam­beurs en se sou­ciant comme une guigne de sa pro­gé­ni­ture.
Dans son nou­veau cénacle, il fait plus qu’illusion en légen­dant ses ratages et mul­ti­pliant les sub­ter­fuges afin de sor­tir de sa pri­son aus­tère qui se trans­forme peu à peu en lupa­nar au grand régal des autres pen­sion­naires. Tous (du moins ceux qui le peuvent) rede­viennent de joyeux drilles taqui­nés encore par leur propre goujon.

Dès lors tout devient pos­sible. Une nou­velle fois, les baby-boomers tentent de faire leur loi. Entre deux verres à den­tiers, ils ne se débrouillent pas trop mal. Les tasses à thé deviennent athées et rendent les breu­vages plus démo­niaques que divins.
Le livre est le cadeau idéal pour la fête des grands-mères et des grands-pères. Quant à leurs ascen­dants, ils trou­ve­ront là une bonne pro­pé­deu­tique afin de se débar­ras­ser de cer­taines et cer­tains  en les envoyant là où Sta­nis­las fait des siennes et des siennes des chiennes en cha­leur. Il y a là beau­coup de drô­le­rie et un peu de tendresse.

Le livre devient un mélange entre  Les vieux de la vieille  de Gilles Gran­gier et les films de Mocky. Mais l’atmosphère serait plus proche encore des films de Ber­trand Blier qui aurait tro­qué ses jeunes pre­mières et pre­miers pour des mégères appri­voi­sées et des per­vers pépères.

jean-paul gavard-perret

Marc Sal­bert,  Amour, gloire et den­tiers, Le Dilet­tante, Paris, 2017, 126 p. — 19, 50 €.

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