Laurent Kropf remplace ses images familiales d’archives par d’ étranges lucarnes segmentées de manière géométriques afin de ne laisser présenter dans chacune d’entre elles que la figure paternelle. Ce n’est pas à sa famille que l’artiste rend hommage mais à une seule image tutélaire. .Si bien que dans les rectangles que cisèle l’artiste il n’y a jamais quatre côtés légaux.
Chaque niche est réservée. Par effet de surface, l’artiste isole le seul « détail » qui lui permet de voir ce qui se cache derrière. Exit tout décor ou élément diégétique. Et le regardeur se sent plus témoin que voyeur.
Kropf donne ainsi au père par effet de découpage une valeur poétique presque intemporelle, loin des « vues » toute faites sur lesquels l’artiste s’est appuyé. La cristallisation de l’émotion passe d’un autre côté du mur du temps au sein non d’une idéalité mais d’une vérité consubstantielle au père, endigué jusque là dans la ruche humaine.
jean-paul gavard-perret
Laurent Kropf, Le vieux père, textes de Fabienne Radi et Sylvain Menétrey, Boabooks Genève, 2017, 160 p.