Izet Sheshivari poursuit sa transformation du concept d’image et de livre. Dans la droite ligne de John Armleder, il continue à renverser la notion et la valeur de l’image dans la re-présentation qu’il produit (et non reproduit) tout en modifiant le rapport au support de la page. Chaque fois, le créateur et éditeur genevois pousse plus loin ses investigations.
Les morceaux d’images semblent parfois des pièces prélevées d’un plan séquence. Izet Sheshivari en propose non un paysage mais un éclaté ou une mise à plat. La picturalité du monde est rendue uniquement par le tramage et le processus d’impression.
Ce que l’artiste retient n’est pas forcément l’attrayant mais des moments ou des choses par un arrêt sur image qui rend l’anodin décisif. Et — conséquence et corollaire -, les pages de tels livres semblent plus spacieuses qu’eux-mêmes. La grandeur retenue et la réelle présence sont en quelques sorte intégrées et interchangeables. L’effet est celui de l’effacement des limites du marquage.
jean-paul gavard-perret
Izet Sheshivari, Two Hands & Two Coffee (Metropolitan Museum of Art), Boabooks, Genève, 2017.