Jean-Pierre Ceytaire, Le peintre s’amuse

L’érec­tion du monde

Les femmes de Jean-Pierre Cey­taire non seule­ment sont séduc­trices et cha­ris­ma­tiques, mais elles sont d’insatiables gour­mandes quelque peu matrones au besoin. Elles font fan­tas­mer des hommes prompts à la détente. Ils béné­fi­cient d’une solide “back­ground” sexuel et sont suf­fi­sam­ment armés pour éle­ver leur répu­ta­tion à celle des gour­gan­dines nul­le­ment assu­jet­ties aux lois patriar­cales.
Les héroïnes sacri­fient leurs talents comme celles et ceux dont elles font leur miel. Oubliant les aléas de la vie quo­ti­dienne, elles semblent rodées pour une vie bes­tiale plus que psy­chique. Avides de méta­mor­phoses phy­siques, elles pos­sèdent d’énormes res­sources  et un réper­toire “gym­nique”- ce qui leur per­met de satis­faire leurs propres exi­gences comme celles de leurs partenaires.

Dans des figu­ra­tions d’esprit par­tiel­le­ment sur­réa­liste ou sym­bo­liste, Cey­taire explore des thèmes qui lui sont chers : l’érotisme bien sûr mais aussi les arcanes de l’inconscient, l’inquiétante étran­geté des êtres comme la réi­fi­ca­tion de l’humain, la trans­fi­gu­ra­tion de l’imaginaire et du rêve, le trans­port amou­reux.
Ce voyage est sans retour. L’artiste (et par­fois comme ici roman­cier ou poète) en devient le pas­seur. Manière pour lui de pro­po­ser au regar­deur sa vision du monde à tra­vers sa sub­jec­ti­vité faite de trans­fi­gu­ra­tions. Elles sont les vec­teurs de jeux dégin­gan­dés à dimen­sion cathar­tique. Elles per­mettent aussi d’extérioriser des choses enfouies qui par­fois ne peuvent se verbaliser.

La créa­tion per­met de trans­cen­der le sen­ti­ment sinon d’impuissance du moins de peur que le sexe génère par­fois. Pour Cey­taire, la parade amou­reuse en finit avec l’idée que l’autre est celui qui va révé­ler un soi-même. C’est un com­pa­gnon de jeu. Il se contente — quelle que soit la ques­tion — de sa par­te­naire. Là le vrai chal­lenge. En dehors, point de salut.

jean-paul gavard-perret

Jean-Pierre Cey­taire, Le peintre s’amuse, dis­po­nible sur le site de l’artiste. Pré­face de Corinne Pelluchon.

1 Comment

Filed under Arts croisés / L'Oeil du litteraire.com, Erotisme

One Response to Jean-Pierre Ceytaire, Le peintre s’amuse

  1. Ceytaire

    Merci pour cette bonne cti­tique .jpc

Répondre à Ceytaire Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>