Claire Massart propose le chant d’amour qui ne se dit pas ou si peu : « être là entre nos yeux plissés, dans des gestes émincés au creux de nos longues mains sèches » comme si le temps avait appris à vivre et à savoir que l’amour peut se « jouer » dans un désir d’amenuisement qui implique néanmoins pour la poétesse d’être « bue par l’autre ». Le tout dans une musique du silence de peaux accordées entre le peu et le tout, là où l’écart n’est plus. Il est donc encore (ou toujours) temps de se livrer à l’abandon afin de dessiner non une solitude mais un partage.
L’amour devient plus mûr entre « gracieux abandon et renoncement annoncé ». Avant, un dernier désordre plastronne. Il faut savoir en abuser, de mois en mois, de saison en saison à ne pas conjuguer qu’au passé. Claire Massart choisit de ne pas lâcher le jour sur la Terre comme si elle savait ce que c’est de connaître une étoile filante. Pas n’importe laquelle. Et la poétesse avance en ordalie, marche sur son fil existentiel telle une funambule au-dessus d’un abîme et sans jamais tomber.
Tout muscle le cœur, mais en même temps vient le fragiliser car les espaces lumineux des rencontres font que l’hier chante dans le bel aujourd’hui mais sans préjuger de l’avenir. Dans ce beau livre, le langage fait tressaillir l’en-soi en un chant de la vie où la liberté est projetée vers l’autre. La solitude est battue en brèche par les poèmes qui polarisent les obscurs songes de l’être à la frontière indécise du conscient et de l’inconscient.
Emerge une densité de vie par ce que les mots enfantent encore d’exotisme vécu par contumace. Il n’est pas besoin d’autre d’indices pour comprendre le double et l’unité, le féminin et son « hors . Voici capté le secret de l’être puisqu’il est montré, étape par étape, jusqu’à faire son “ tour” au fond de sa nudité (entendons vérité) dans son rapport à l’existence.
jean-paul gavard-perret
Claire Massart, L’aveu des nuits suivi de Le calendrier oublié, Editions des Vanneaux, coll. L’Ombellie, Bordeaux, 2017.
Un titre alléchant et une si belle critique.…
cela donne eenvie de l’acheter .
Merci de votre lecture fine, d’avoir entendu la musique silencieuse de mes mots. Merci encore d’avoir perçu la solitude partagée du poème. Merci enfin d’avoir su si bien lire que l’existence est sur le fil des mots, tranchant chant de vie.
Claire Massart
Bonjour Claire,
Pardonnez-moi de venir vers vous tout en ne connaissant pas votre oeuvre mais à la recherche d’un vieil ami, avec lequel semble-t-il, vous auriez-travaillé et publié il y a quelques années autour du bleu: Philippe Pelletier! Voilà en retrouvant des notes prises au Japon en 1982/83 je suis tombé sur le nom et l’adresse en France de Philippe avec lequel je m’étais lié pendant mon voyage. Il était originaire de St Genis de Saintonge ( 17240) mais ayant perdu sa trace, j’ai composé ce matin le numéro qu’il m’avait laissé et qui n’avait pas changé avec sa mère au bout du fil… très craintive, sur ses gardes et malgré certains détails que j’apportais pour lui prouver que je connaissais son fils, la dame amère m’a raccroché au nez me précisant seulement qu’il vivait toujours à Tokyo. N’abandonnant pas et cherchant sur Google la piste de Philippe, j’arrive jusqu’à vous en espérant qu’il s’agit d’abord de la même personne et qu’ensuite vous seriez resté en contact avec lui pour éventuellement me communiquer son email pour renouer et partager à nouveau. En vous remerciant. Bien à vous et à vous lire. Jean Dulon
jeandulon@wanadoo.fr