Maxime Ballesteros est le photographe de la nuit. Ou plutôt des nuits. Celles des « party » sauvages qui se passent en des appartements privés mais ouverts au stupre, à la fornication et à l’ectasy. Souvent l’artiste « coupe » les corps en séquences plutôt que de les présenter en entier. D’où cette impression d’absence au milieu des fêtes berlinoises ou d’ailleurs. Il dresse ainsi des portraits publiés entre autres sur le site de culture futuriste « Sang Bleu » de Londres.
Il propose l’invention d’un « il », la possibilité d’une « elle » dans son théâtre du temps orphique. Il prouve que plus encore que la fête et ses mensonges, la photographie est une réponse à la nuit. Ballesteros touche à l’interdit, affûte l’œil, propose des critères indifférents au goût classique mais qui passionnent l’amateur d’images.
Chaque photographie évoque une sorte d’inexistence et le fossé qui sépare les êtres d’eux-mêmes. Elle parle d’une vie artificielle, y plonge, en remue l’obscurité là où tout s’affale au nom d’un abrutissement programmé comme but et nécessité. Les soirées étant vues sous cet angle, il ne pourrait être reproché aux absents d’avoir eu tort de ne pas y aller. Ils feraient d’ailleurs redondance face à ceux et celles qui s’y sont engagés.
jean-paul gavard-perret
Maxime Ballesteros, Les absents, Hatje Cantz, Berlin, 2017, 272 p. — 35,00 €.