Patricia Dupuy est une auteure précieuse qui aime la vie pour des raisons profondes même si parfois elle semble provisoirement inconsolable de son état dans les lieux d’écriture et de pensée. Existe toujours du solaire jusque dans ses coups de blues. Ils permettent au discours de se poursuivre en un état de latence et en coexistence avec des œuvres d’artistes majeur(e)s. Ses textes deviennent des partitions qui scandent des amours existentielles et esthétiques.
« La délie » de la sexualité s’affirme au milieu de séductrices qui finissent non dans les ordres mais le désordre. Là où il y a tant de démones la bonne vie demeure. Ecrire comme le fait Patricia permet en conséquence de rappeler que le corps sera toujours une idée plus étonnante que celle de l’âme — même si l’artiste n’en néglige pas les profondeurs. La poétesse en recrée souvent une fontaine de jouvence.
De Patricia Dupuy (sous pseudo.) : Felicia Fredon & Henri Maccheroni, Les Parisiennes, Felicia Fredon &Katherine Kooper «cigarette rousse », Editions Le Renard Pâle, Paris, 2017.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Le soleil levant à travers les persiennes, le chant des oiseaux, le souffle de mon amoureux…
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Ils ont pris la forme d’un livre que je dévorais enfant et qui me nourrit tout autant !
A quoi avez-vous renoncé ?
A la jeunesse éternelle au profit d’une maturité accomplie.
D’où venez-vous ?
D’un désir amoureux.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Une redoutable indépendance.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Parler aux plantes de mon jardin juste avant l’heure bleue.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres écrivains ?
Le dilettantisme et la paresse.
Comment définiriez-vous votre approche de l’éros ?
L’éros est dedans-dehors, c’est être vivant !
Quelle est la première image qui vous interpella ?
Les talons aiguilles de ma mère et leur bruit lorsque j’étais encore minuscule.
Et votre première lecture ?
La comtesse de Ségur avec passion.
Quelles musiques écoutez-vous ?
Bach quand je travaille, les oiseaux sur les tilleuls quand je suis en roue libre.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
“Penser-Classer” de Georges Perec qui me met en joie !
Quel film vous fait pleurer ?
“Brazil” de Terry Gilliam car il est notre réalité d’aujourd’hui.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Le temps au travail donc le désir d’aimer et de vivre.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A personne, ma nature est d’oser !
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Tanger.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Actuellement, Christian Bobin pour son merveilleux livre « Noireclaire », chaque résonance avec un auteur ou artiste est liée à un moment, une adéquation…
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Des nouvelles de ceux qui sont loin.
Que défendez-vous ?
Une vie épicurienne faite de simplicité, de poésie et de joie.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Trop limité ! La vie apprend à reconnaître ceux qui sont prêts à être aimés et à cet échange qui fait grandir.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Non ?
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Qui est Jean-Paul Gavard Perret ?
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard perret pour lelitteraire.com, le 27 mai 2017.