A 26 ans, Nicolas Goethals est un lecteur de Tintin depuis l’âge de 7–8 ans. Collectionneur, mais principalement d’articles de presse ou d’essais ayant trait à Hergé et son oeuvre, il nous fait part de sa lecture critique du roman Après, Tintin…
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Que dire de l’Après, Tintin… de Frédéric Grolleau ? Un mot sur le titre, tout d’abord. Enigmatique tout comme l’illustration de couverture voire même comme tout le roman. On ressort de la lecture, empreint d’un sentiment à la fois enthousiaste et dubitatif qui nous amène à nous demander s’il n’y aurait pas un après Après, Tintin…
La première partie se veut introductive mais sous des allures explicatives, elle semble cacher des principes bien plus profonds. Je relève ici et là quelques passages qui font plaisir à lire :
Page 29 : Tintin est dans Tout car Tout est dans Tintin
Page 31 : Tintin nous montre la voie : il importe de creuser la surface gelée des choses afin d’atteindre le noyau du réel — invisible au regard ordinaire
Page 63 : La clef de l’univers, c’est l’amour.
A la réflexion, deux détails auraient pu nous mettre la puce à l’oreille. Primo, la couverture ouvrant sur un autre livre — le vrai livre ? -, celui que tient la statue de Tintin et au message décalé. Deuxio, l’avertissement à la Da Vinci Code, à savoir que tous les objets cités dans ce livre existent. La suite ? Des interviews d’exégètes tintinophiles entrecoupées de courts chapitres décrivant avec un humour typé, l’univers quotidien d’un tintinophile accro. Ces petits entrefilets nous rappellent le style du livre, pour peu que nous l’ayons oublié. Après, Tintin… est un roman. Puis vient l’épilogue… Belle idée d’auto-interroger le lecteur sur l’Avant, Tintin.
Bref, sous fond de mélange pêle-mêle de styles et de textes, le roman se veut avant tout interrogatif. Il demande un effort au lecteur, celui d’avancer au rythme du narrateur, d’entrer dans la réflexion personnelle de ce dernier afin d’ouvrir notre propre questionnement. Les points de suspension du titre auraient bien pu se muer en point d’interrogation. Après, Tintin ? Que reste t-il ? Des centaines d’analyses et d’interprétations du corpus hergéen ? Des articles de presse rédigés à la gloire du héros éternellement jeune ? Des milliers d’objets dérivés et de parodies offerts au plus offrant ?… Ne reste-t-il « que » ça ? Ne reste t-il pas avant tout un ENORME sentiment d’amitié envers ce reporter en culottes courtes tout autant qu’un partage des valeurs qu’il défend ?
Après, Tintin…, de Frédéric Grolleau est un bouquin qui se veut par moments polémique, par d’autres fantasque et drôle. Par ces incessants va-et-vient entre monde réel et fiction, il berce le lecteur jusqu’au vertige et l’oblige à se positionner quant à ce qu’on a pris pour habitude d’appeler la réalité. Ajoutons pour finir que le livre est édité chez BOD, Books On Demand ou livre à la demande. On ne boude pas son plaisir et on en redemande. Du K.O.C en Stock !
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nicolas goethals
Frédéric Grolleau, Après, Tintin…, BoD, avril 2009, 176 p. — 11,00 €.