Un bain de jouvence reliant passé et présent
Pour Erik Kessels – photographe qui ne photographie pas ou peu – ‚ la pulsion iconique ne va pas dans le sens d’une contraction mais d’une expansion protéiforme. L’évocation du « léger rien » comme du tout est là pour rebondir en forme d’appel. Histoire non de recommencer ce qui a fui mais de transformer ce qui fut en images épiphaniques que l’artiste récupère et recontextualise.
L’Imaginaire change de régime, abandonne ici les simples domaines traditionnels de la prise ou de l’évocation afin de créer une quintessence là où les lieux d’écart et de silence sont transbordés, afin d’atteindre les émotions des choses et des êtres non sans humour voire farce totale jusqu’au moment où ce qui est caché derrière se mette à suinter.
La surface tangible de l’image trouve une profondeur à l’instar du son déchiré par la musique sérielle que le néerlandais apprécie. . Se perçoit une passerelle de visions suspendues à des hauteurs vertigineuses ou plongées dans un bain de jouvence reliant passé et présent. Chaque montage génère une création qui n’est plus certes la réalisation des possibles mais donne à voir quelque chose d’inédit, et permet de pénétrer en des lieux physiques et sensuels qui réveillent les « vieilles » images .
jean-paul gavard-perret
The many lives of Erik Kessels, Camera – Centro Italiano per la Fotografia, Du 1er juin au 30 juillet 2017, Turin.