Anton Ljuvjine, Fantasia

Supplique de lumière

Pamphlet et mani­feste, le livre d’Anton Ljuv­jine est un texte hybride et inégal. Il se peut d’ailleurs que l’auteur l’ait conçu comme tel. Un cer­tain débal­lage du moi pen­seur absolu et la pré­ten­tion empha­tique de n’être pas com­pris avant la fin du pro­chain siècle agacent par­fois. Mais l’impression que donne le livre est com­pen­sée par la recherche d’une voix dont l’auteur res­sent — à la fin de ce flo­ri­lège – le besoin de la nuan­cer et de trou­ver d’autres inflexions.
Il se veut néan­moins et avant tout un écri­vain de la vio­lence, un chien fou et enragé qui trou­ve­rait sa place entre le
 tru­queur Mélan­chon et le génie Artaud. Plus que les deux,  l’auteur reste en connexion avec un pré­sent face auquel il ne prend pas encore la dis­tance effi­ciente du sage. C’est pour­quoi et sans le vou­loir il se trouve pri­son­nier d’une Répu­blique « à la pré­ten­tion sur­an­née » qui lui pèse jusqu’à l’insupporter.

Le pri­vi­lège de la jeu­nesse per­met d’asséner des véri­tés qui par­fois touchent juste mais par­fois enfoncent des portes ouvertes. Mais à chaque lec­teur d’en juger à tra­vers sa propre sub­jec­ti­vité. L’auteur mul­ti­plie des manœuvres tex­tuelles pour faire sur­gir, de manière plus nue et plus crue (voire cruelle), le mys­tère de l’être comme celui du réel  ren­dus à sa vacuité pour ce der­nier, à l’impossibilité  pour le pre­mier — d’être face au monde tel qu’il est.
Par contre­coup sur­git la lutte de l’auteur pour saillir de « tous ses trous noirs ». Le texte reste de manière frac­tale à la recherche de la lumière à tra­vers un lot d’imprécations là où ne peut s’exprimer d’une cer­taine manière que l’impossibilité de paroles mais qui para­doxa­le­ment se gonfle de verve ardente.

Égaré dans un rai de lumière ou un flam­beau, Ljuv­jine fait de chaque texte le point de départ au déploie­ment d’une volonté de parole révol­tée. Conser­vant peu d’emprise sur le monde — déjà dis­paru ? -, l’auteur compte néan­moins sur ses propres mots et  sur sa propre conscience qui volon­tai­re­ment feint de dérailler. Le fatum lit­té­raire se crée par une écri­ture qui refuse la pru­dence et  plus encore la pré­cau­tion ora­toire là où la rela­tion avec les autres et à soi-même demeure per­pé­tuel­le­ment entra­vée.
Tou­te­fois, face à une
“soif de noir à mou­rir”  (Beckett) demeure la sup­plique de la lumière. La parole est comme extor­quée à elle-même au sein de l’impossibilité ou non  d’espérer un jour atteindre l’introuvable soi avant que tout s’éteigne.

jean-paul gavard-perret

Anton Ljuv­jine,  Fan­ta­sia, Edi­tions Tin­bad, coll. « Tin­bad Chant », Paris, 2017, 172 p. — 16,00 €  (A paraître le 15 juin).

16 Comments

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16 Responses to Anton Ljuvjine, Fantasia

  1. Piotr Assoulinski

    Faux écri­vain mais vrai pla­giaire, encore un mutant obsédé que le pauvre Nabe a accou­ché mal­gré lui…

    https://fantasiachezunplouc.tumblr.com/

  2. Guillaume Basquin

    Alors, comme ça, on “balance”, chez les “fans” de Nabe. Sous pseudo, bien sûr… Le cou­rage des balances, depuis Vichy, c’est tou­jours “ça”. Bravo. Et merci.

  3. Guillaume Basquin

    Et on espionne ! on espionne ! Rien d’autre à foutre ?…

  4. L.

    Votre pou­lain est le pre­mier à balan­cer (ainsi qu’à s’auto-congratuler) sous pseudo, donc on se détend, mon­sieur basquin.

  5. Guillaume Basquin

    Bah ! c’est qu’”on” est tel­le­ment en retard, chez ces “fans”, qu’on ne connaît même pas cette posi­tion esthé­tique de Lau­tréa­mont (départ de toutes les moder­ni­tés lit­té­raires, faut-il le rap­pe­ler ?) : “Le pla­giat est néces­saire ; le pro­grès l’implique.“
    Notez que c’est un “spé­cia­liste” qui parle : http://zone-critique.com/2017/02/28/livre-de-papier-de-guillaume-basquin/

  6. Piotr Assoulinski

    Très drôle de vous voir vous déme­ner avec des méta­phores col­la­bo­ra­tion­nistes qui ne collent pas du tout… Pour que je “balance” il faut qu’il y ait quelque chose à balan­cer. Révélerais-je donc quelque chose de hon­teux en poin­tant du doigt ces évi­dences ? Et à quel “ges­tapo” est-ce que je balance, au juste ? L’armée des internautes-nazis-de-la-vraie-littérature-qui-n’ont-pas-de-la-merde-dans-les-yeux ?

    Vous osez la pirouette Lau­tréa­mont… Il faut savoir ! Le pla­giat est-il assumé, déli­béré ? Mais alors qu’est-ce que j’ai “balancé” ? Fou­tez voir la paix à Ducasse, sa lit­té­ra­ture n’a pas à venir jus­ti­fier votre nul­lité.
    Quant à “l’espionnage”… Suivre de loin l’actualité de Tin­bad et jeter un œil à la page Face­book publique d’un de vos auteurs, c’est faire la taupe ? Vous vous défen­dez vrai­ment trop mal.

    Ljuv­jine est mani­fes­te­ment un fan vexé à vie par son idole, énième rené­gat, mais inca­pable de se débar­ras­ser de son obses­sion qui point au détour de ses para­graphes ridi­cules. Même les détrac­teurs de Nabe doivent être embar­ras­sés par tant de sous-sous-zanninisme… Le pire dans tout ça c’est qu’il y a un type assez bête pour l’éditer et le partager !

  7. Guillaume Basquin

    … Adieu !

  8. Guillaume Basquin

    Ceci tout de même ; vous avez déci­dé­ment encore mal lu : “Le pro­grès l’implique.”

  9. Guillaume Basquin

    Quand la der­nière garde du “Maître” au grand com­plet verra ma “nul­lité” défen­due sur 17 pages dans “L’Infini” de sep­tembre pro­chain, par un essayiste très connu, on en repar­lera. Elle n’aura plus que la rage du res­sen­ti­ment éter­nel contre le temps et son “il était” (autre nom de “L’Envie”, sep­tième péché capi­tal (et le plus grave, d’ailleurs)) à faire valoir. J’ai hâte ! j’ai hâte !…

  10. Piotr Assoulinski

    L’Infini n’en est plus à une nul­lité près ! Faut-il être con pour y trou­ver une vali­da­tion ou en tirer un (faux) cré­dit arro­gant. Mais oui, tré­pi­gnez comme le vilain gnome que vous êtes jusqu’à sep­tembre, lorsque vous vous sen­ti­rez enfin la légi­ti­mité de vous pla­cer fiè­re­ment en oppo­si­tion face à l’idole qui n’a pas voulu, très jus­te­ment, tor­cher la merde médiocre tar­ti­née sur votre cul.

    En atten­dant, pas un mot sur le sous-verminisme écla­tant de “Fan­ta­sia”. Assu­mez donc le pauvre usage que vous faites de Lau­tréa­mont et allez jusqu’au bout de l’aveu, recon­nais­sez sim­ple­ment que vous publiez là la piteuse régur­gi­ta­tion satis­faite d’un pauvre type inca­pable de digé­rer ses admi­ra­tions. Ce que vous ne ferez cer­tai­ne­ment pas : entre fans vexés et jaloux, on se serre les coudes !

  11. Guillaume Basquin

    Bien. Puisqu’il s’agit jusqu’à pré­sent d’un « pro­cès en sor­cel­le­rie » (puisque les faux magi­ciens Ves­per (en tout cas, connais­sant leurs pra­tiques de cor­beaux, c’est elle que je soup­çonne, cette fra­trie suf­fi­sam­ment conne pour avoir pris un pseudo, « bien sûr » (sic), alors que leur vrai nom, Vaché, n’avait pas de quoi les faire rou­gir — encore un « cli­ché » de puceau de la lit­té­ra­ture, « ça » : « pen­ser » que pour être un artiste, il faut abso­lu­ment prendre un pseudo — leur « gou­rou », lui, avait une bonne rai­son d’en prendre un) parlent de choses qu’ils n’ont pas lu (« Fan­ta­sia » n’est pas encore en vente ; quant aux « Cahiers de Tin­bad » n°3 et à « (L)ivre de papier », j’attends tou­jours qu’ils me prouvent qu’ils les ont lus)) que cer­tains de nos lec­teurs ne com­prennent pas vrai­ment, je vais main­te­nant ouvrir un VRAI pro­cès, cartes sur table, avec les pièces du dos­sier. Il s’agit main­te­nant de laver le linge sale (et il l’est, très) en public. (Note : Atten­tion, ici, pas de repen­tir pos­sible : les com­men­taires sont inef­fa­çables ! C’est un tra­vail a fresco ! L’Enfer bien mérité sera ÉTERNEL. Com­men­taire de l’orchestre : — C’est pas comme sur Face­book, hein !)

    1/ Les Ves­per ont bien balancé le vrai patro­nyme d’Anton Ljuv­jine qui a peut-être des rai­sons de s’inquiéter pour sa sécu­rité avec un tel écrit. Ce sont des « corbeaux ».

    2/ Le sous-titre de « Fan­ta­sia » (qu’ils ignorent, puisqu’il n’est qu’en page de titre, comme sur cer­tains des livres de Nietzsche) affiche sa méthode esthé­tique ; elle est lautréamontesque.

    3/ Les Ves­per appliquent les mêmes tech­niques que les anciens contemp­teurs de leur gou­rou : ils jugent sans lire, sur simples extraits choi­sis qui repré­sentent à peine 1 % de l’œuvre. C’est tou­jours comme ça : les anciens per­sé­cu­tés per­sé­cutent ! (Voir « Car­rou­sels » de Jacques Hen­ric à ce sujet, ainsi que ma mono­gra­phie sur lui.) De plus, ce fai­sant, ils tra­vaillent contre le renou­veau de la Lit­té­ra­ture ; ils méritent bien le 7e cercle, 3e giron de l’Enfer, celui des « Vio­lents contre l’Art ». « E d’un ser­pente tutto l’altro fusto ; / lo dosso e ‘l petto ambe­due le coste / dipinti avea di nodi e di rotelle. » C’est hor­rible ! C’est bien fait.

    4/ Avec leurs constantes attaques sur les pro­duc­tions de Tin­bad, les Ves­per et leurs amis (et même leur « maître ») démontrent qu’ils n’ont aucun nez ; rien à faire, comme un Juan Asen­sio (et c’est la pire des insultes chez moi), ils ne savent que juger des œuvres déjà acquises, déjà indis­cu­tées. Voir la page de garde du site de Tin­bad à ce sujet. De plus, ils montrent ainsi leur peu d’amour pour la vraie jeu­nesse, la vraie nou­veauté auda­cieuse (très fra­gile, qui plus est : Tin­bad n’a jamais vendu plus de 70 ex. d’un quel­conque de ses livres) ; ce sont des nécrophiles/phages (comme Asen­sio). S’ils ont un nez, c’est celui d’Ernest Pinard (qui pro­cura contre « Madame Bovary » et « Les Fleurs du Mal ») : ils pro­curent contre ce qui semble les gêner, contre ce qui semble tout de même assez auda­cieux ; en cela, on peut dire qu’ils ont un cer­tain « flair »…

    5/ Tout ce qu’ils arrivent à faire avec de tels agis­se­ments, ces sous-lieutenants de la der­nière garde de la der­nière heure, c’est de détour­ner les der­niers fidèles de bonne volonté des der­nières pro­duc­tions de leur maître. Par tran­si­ti­vité, on se dit qu’à fré­quen­ter de telles ordures mal­fai­santes, il n’est peut-être pas si « génial » que ça. De plus, le sou­tien du « gou­rou » à de tels agis­se­ments, via l’hébergement moral et phy­sique de la revue « Adieu » où ils insul­tèrent sur sept ( 7 ! ça ne s’invente pas…) pages le pre­mier numéro des « Cahiers de Tin­bad » (où se trou­vait la plus longue étude d’une œuvre nabienne en revue impri­mée, soit dit en pas­sant, et où Anton Ljuv­jine, déjà, eut droit à un trai­te­ment de « choix »), va le conduire, ici même, à une bolge infer­nale et dan­tesque, celle des « Traîtres envers leurs bien­fai­teurs » : 9e cercle, 4e zone : « “Quell’ anima là sú c’ha mag­gior pena”, / disse ‘l maes­tro, “è Giuda Scarïotto”, / che ‘l capo ha den­tro e fuor le gambe mena. » Il faut com­prendre que si ses jambes ruent en l’air de façon tout à fait comique, c’est parce que, comme tous les traîtres (envers moi, envers la jeu­nesse, mais envers l’art, avant tout), elles sont prises dans les glaces éter­nelles. C’est très éner­vant. S’il avait lu un seul de mes livres, le fin limier de la nou­veauté dans les arts (qui a décou­vert Paso­lini et Fass­bin­der 10 ou 20 ans après tout le monde), il aurait mon­tré plus de pru­dence : il aurait su que je suis un spé­cia­liste de ce cercle dantesque-là ; j’y mets tou­jours une ou deux figures par œuvre. C’est fait.

    Note : On pourra juger sur pièces (textes écrits et publiés, achats de tableaux et de nom­breux livres) en quoi je fus en quelque sorte un « bien­fai­teur » (petit, micro­sco­pique peut-être, mais bien­fai­teur au sens dan­tesque tout de même) du gou­rou jaloux.

  12. Piotr Assoulinski

    Rien à voir avec les Ves­per. Je ne repré­sente pas Adieu, je ne vois pas ce qu’ils viennent faire là. Pas besoin de vous avoir fré­quenté de près ou de loin pour se rendre compte de votre bêtise et de votre mes­qui­ne­rie (bas­qui­ne­rie ?), un simple inter­naute lec­teur de Nabe peut s’en rendre compte et y réagir; ce que j’ai fait. Je suis trop gêné par la sté­ri­lité de la lit­té­ra­ture d’aujourd’hui pour sup­por­ter votre pose. Mieux vaut pas de lit­té­ra­ture que de cette fausse lit­té­ra­ture qui ment.

    Vous êtes un habile stra­tège en tout cas : quand on voit la façon dont vous hachez vos com­men­taires illi­sibles de paren­thèses et de guille­mets (ça masque bien la vacuité de vos idées, de vos pro­pos, de votre posi­tion) on a presque envie d’aller lire votre bou­quin sans ponc­tua­tion pour se repo­ser les yeux !

    Com­men­taire de l’orchestre : — C’est pas comme sur Face­book, hein !)“
    C’est ça, et qu’est-il arrivé à votre post Face­book concer­nant le nou­veau Nabe et auquel vos brillants lec­teurs et amis ont apporté leurs com­men­taires ? Pas besoin d’être un espion pour remar­quer ça. Qu’est-ce qui s’est passé, on se fait taper sur les doigts ? On se chie dessus ?

    ” ils pro­curent contre ce qui semble les gêner, contre ce qui semble tout de même assez auda­cieux” — C’est ça, vous êtes le centre vital, actif de la lit­té­ra­ture d’aujourd’hui, celle qui “dérange”, qu’on “étouffe”, et qui entre deux jéré­miades arro­gantes se branle sa petit queue à l’idée de fri­co­ter avec Gal­li­mard (trois de vos torche-culs dans leur vitrine).

    Tous les extraits de “Fan­ta­sia” (que vous ou votre auteur par­ta­gez allè­gre­ment — c’est par pour don­ner un avant-goût du livre ?) ainsi que les com­men­taires dont vous l’entourez ne me pro­curent qu’une seule vision : celle de nul­lards qui rêvent de faire du Nabe dans un monde où Nabe n’existerait pas, ou se serait tu, ou — et on y vient — s’avérerait être en fait un traître, un salaud, un sour­nois, etc., ce qui vous per­met enfin de faire du sous-nabe risible de manière tota­le­ment décom­plexé. Ce Ljuv­jine est déjà un pauvre type pour écrire sérieu­se­ment un bou­quin pareil, mais qu’en plus il soit récu­péré pour votre petite guerre pré­ten­tieuse de poseur de la (fausse) vraie lit­té­ra­ture, ça méri­tait bien quelque taquets sur un blog. Tout y est clair.

  13. MARI

    Lu, ici et là, quelques extraits de Fan­ta­sia. Envie de rire dif­fi­ci­le­ment répri­mée, puis franche hila­rité. Ridi­cule bour­sou­flure com­mise par un jeune homme de vingt-cinq ans qui a au moins un point com­mun avec les vieillards : l’incontinence.

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