David Angevin, Dans la peau de Nicolas

Un petit condensé d’humour réflexif à lire, de la plage à la Sorbone

Formé au Lycée mili­taire de Saint-Cyr, la car­rière de son père mili­taire a per­mis à Fabien Her­raud de pas­ser 9 ans de sa vie à l’étranger, notam­ment en Afrique noire. Pas­sionné de lit­té­ra­ture en tout genre, il navigue éga­le­ment entre le secou­risme, l’équitation et le dres­sage de che­vaux. L’écriture est rapi­de­ment deve­nue pour lui un bon­heur et une nécessité.

Joyeux sar­ko­phage

Ma femme aime par­ler en fai­sant l’amour.Inso­lite phrase sor­tant de la bouche du pré­sident people dans cette cri­tique posi­tive — la pre­mière — de Nico­las Sar­kozy. Pour le coup Ange­vin frappe fort, peut-être aussi fort que dans ses romans pré­cé­dents qui sait, en s’opposant fiè­re­ment à la doxa et à ce qu’il désigne comme un anti­sar­ko­zysme pav­lo­vien — et on ne peut s’empécher d’être du même avis quand on sait que Pav­lov était russe…
On se laisse donc embri­ga­der par un David Ange­vin qui se glisse presque trop par­fai­te­ment dans les mocas­sins à glands de notre pré­sident, décri­vant ce qu’il res­sent dans la peau du petit “Grand” et por­tant ce style à l’état d’oeuvre lit­té­raire ; une bizar­re­rie inté­res­sante pour peu qu’on lise cette courte his­toire avec bienveillance.

Courte his­toire, certes, mais ne nous y trom­pons pas, si le Sar­kozy est de toutes les cou­ver­tures, Ange­vin lui colle aux basques pen­dant son périple pré­si­den­tiel et nous laisse hors d’haleine… alors que lui court tou­jours. Lors de cette lec­ture on le démonte pro­gres­si­ve­ment, on le voit, on le juge et on finit par se mettre à sa place en essayant de tenir le rythme effréné des voyages, puis on se délasse avec lui pen­dant les pas­sages — peu nom­breux — où notre Nico­las peut se la “cou­ler douce” avec ses enfants pen­dant que son ex-femme lui mâche le bras.
Il est inté­res­sant de noter la forme que prend ce roman, en effet on peut être dérouté par le pas­sage d’une phase à l’autre sans la bonne grosse tran­si­tion habi­tuelle : ici pas de “Cha­pitre pre­mier : mon bi “, et remar­quez (vous le remar­que­rez) que ce serait un titre à pro­pos. Alors oui, oui on peut trou­ver ce qui ne va pas dans cette oeuvre. Certes on enten­dra cer­tai­ne­ment (un peu trop fort…) les empres­sés de la frappe qui démontent en une ving­taine de lignes un livre qu’ils n’ont visi­ble­ment pas lu en pré­tex­tant encore et tou­jours les même folios, à savoir le phé­no­mène people.

Que répondre alors que l’on trouve ici la pre­mière vision s’opposant au lieu com­mun ? Com­ment peut-on par­ler de “déjà vu rébar­ba­tif” dans ce cas ? Non, rai­son­na­ble­ment on ne peut pas repro­cher à David Ange­vin de s’être pen­ché sur le sort du Petit ; le point que l’on peut noter en revanche, est le carac­tère peut-etre un peu “facile” du fil de l’histoire : on connait déjà 80% de ce que raconte le nar­ra­teur, et toute plume suf­fi­sam­ment fine peut aisé­ment construire un roman à par­tir de la presse people et de l’actualité, a for­tiori lorsqu’il s’agit de Sa Majesté Nico­las.
Mais croyez-le, Ange­vin à ce moment est loin des Mouches, et une lec­ture atten­tive vous démon­trera toute la saga­cité et l’acidité dont il peut faire preuve. Il devient au fil des lignes et à l’instar de son per­son­nage, de plus en plus sym­pa­thique ; aussi étrange que son style fina­le­ment. Dans la peau de Nico­las, aux édi­tions du Ser­pent à Plumes est donc un petit roman sym­pa­thique et loin de la fel­la­tion pré­si­den­tielle que l’on doit subir habituellement.

Un petit condensé d’humour réflexif à lire, de la plage à la Sorbone.

Fabien Her­raud

   
 

David Ange­vin, Dans la peau de Nico­las, Le Ser­pent à Plumes, Roman, 8 Jan­vier 2009, 192p. — 16 €

 
     

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