Pour Aurore de Sousa comme pour Mallarmé, « rien n’aura lieu que le lieu » mais il faut comprendre l’espace tel un écran labyrinthique tant la photographe par son travail impose le questionnement du visible et du sens des images. La vision de l’intime passe par la saisie du paysage. Il n’est jamais traité de manière réaliste ou romantique : il devient ce que Lacan nomme une « béance optique » dans laquelle il s’agit d’entrer comme en un vertige auquel la photographie sert d’écran et de cartographie « tremblée ».
Chaque prise demeure un glissement capable de prendre le voyeur à son propre jeu. Les images errent entre vibrations atmosphériques et couleurs filtrées. Aurore de Sousa produit en conséquence une œuvre au statut particulier. Elle enchâsse sa propre histoire dans la grande question du secret que proposent ses paysages.
D’où ce jeu de piste : il s’agit de trouver qui est le sujet du sujet au moment où la ville devient un lieu de hantise et de méditation. L’inquiétude demeure au sein des « promenades » que l’artiste ponctue par-delà l’évidence acquise. Elle ne cesse de la faire bouger autant par une technique parfaite qu’une émotion conjuguée sur l’ordre de la discrétion.
jean-paul gavard-perret
Aurore de Sousa, Paysage Urbain, Espace Larith, Chambéry, du 31 mai au 30 juin 2017.