Jb Hanak crée des figurations apparemment hirsutes mais loin du tape-à-l’œil. Une rigueur de type particulier propre à créer des synthèses en désarroi au sein d’un bric-à-brac architectural. Existe là quelque chose de grandiose par le jeu des formes fourmillantes en un espace monochromatique. Hors parade s’inscrit une théâtralité du réel que la fiction ramasse en le bousculant. La soif de créer dans un effet puzzle bâtit une homogénéisation en une suite d’accumulations. Vagues de lignes, raccords, jointures de plans se succèdent et se perdent au milieu des traits qui servent de nervures. Le vide est soudain cerné de tronçons en hautes pattes ou en dents de scie.
Des antennes, des gueules, des sauts et gambades s’abattent sur le support pour le combler et saturer le regard. Existe forcément un aplatissement inhérent au 2 D. mais aussi un envol qui refuse néanmoins tout lyrisme dans le déchaînement des formes qui dans chaque œuvre trouve sa propre cadence. Les formes emplissent le vide. Il s’agit de tracer, tracer encore sans idées préconçues, tirer partie de chaque piste que l’artiste laisse venir et connecte.
Et voilà peut-être la seule certitude de l’artiste : ne pas refuser le geste, ne pas faire preuve d’une prudence trop grande tout en contrôlant ce « vandalisme » issu de l’intérieur mais afin que chaque oeuvre soit une fête, une crue entre ce qui reste proche du chaos mais qui le transforme. Chaque oeuvre devient alors une situation. En émerge une éjaculation graphique qui apprend aux êtres-enfants que nous sommes ce qu’il en est de tout ce qui reste replié en nous, en nos « mères » intérieures dont nous n’avons jamais accouché mais que l’artiste agitent.
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jean-paul gavard-perret
JB Hanak, Vision Negative, Galerie Anne de Villepoix, Paris, 13 mai au 24 juin 2017.