“Nous avions à peine vingt ans et nous rêvions juste de liberté.” est la seule phrase que réussit à prononcer Hugo Felida, face au juge. Mais cela n’émeut pas le représentant de la justice qui…
Hugo raconte les enchaînements qui l’ont amené dans cette situation depuis Providence, la ville où il est né et où il a vécu jusqu’à l’adolescence. À part distribuer des beignes, il ne sait pas faire grand-chose, ce qui lui vaut d’être renvoyé du lycée public. Pensant bien faire, ses parents, malgré les sacrifices que cela représente pour cette famille modeste, l’inscrivent au lycée privé où se concentrent tous les bons petits chrétiens riches de la ville. Dès son arrivée, il se confronte à Freddy Cereseto, un petit rital à la solide réputation de bagarreur qui veut marquer son territoire. Ce combat souligne le début de leur amitié et Hugo entre dans le cercle très fermé de Freddy où il trouve Alex et Oscar. Il trouve, avec eux, l’affection que sa famille ne lui a pas prodiguée entre une mère devenue alcoolique après la mort accidentelle de Vera, sa petite sœur, et le mutisme de son père ouvrier de fonderie. Il vit dans une roulotte près de la maison ce qui lui vaut le surnom de Bohem de la part de ses nouveaux amis.
Après un court passage par la prison pour mineurs, Bohem quitte Providence avec ses amis pour vivre, à moto, une vie de liberté et d’aventures. Cependant, la liberté ne s’acquiert pas facilement, demande des sacrifices qu’ils ne sont pas prêt à faire et les rencontres ne sont pas toujours heureuses…
Henri Lœvenbruck choisit comme cadre de son roman les grands espaces américains et les zones sinistrées par la désindustrialisation. Il propose le périple de son héros depuis Providence, une ville moyenne qui a connu une certaine prospérité avec “…des grandes usines crasseuses…”, pour aller vers un meilleur ailleurs, avec ses amis auprès de qui il a trouvé ce qui lui a manqué dans son enfance. L’herbe est toujours plus verte chez le voisin ! L’auteur exalte cette superbe amitié, la traversée du pays à moto, le clan libéré de toutes obligations. Les aventures, les larcins, les rencontres, les bagarres s’enchaînent. L’alcool coule à flot, les joints et la coke circulent librement, tout comme les filles. Il ne faut pas penser que ces jeunes n’ont pas de morale. Elle est à eux, à eux seuls et leur devise ne s’honore qu’au sein de leur groupe de motards.
Mais si, dans ce récit, Henri Lœvenbruck livre une ode à la liberté, à la fraternité, à l’amitié avec en toile de son les morceaux mythiques des grands rockers, il en montre les contraintes, les diktats et …les limites. La liberté, jolie notion utopique, entraîne aussi, pour satisfaire certains besoins la délinquance, des rencontres qui provoquent des excès en tous genres et la drogue, partie prenante de toutes recherches d’évasion, de changement d’existence.
On oscille, selon son humeur entre une adhésion à ce road movie avec la beauté qu’il génère, les kilomètres avalés, les paysages, les liens heureux, la joie d’être ensemble, de partager et la découverte d’un itinéraire navrant d’une bande d’adolescents fourvoyés, désorientés. Ce roman est servi par une écriture de qualité, l’auteur donnant à ses personnages le vocabulaire, la façon de s’exprimer qui est celle du milieu d’où ils viennent. Henri Lœvenbruck a habitué ses lecteurs à des histoires de qualité où les personnages ont de la chair, des sentiments réels et du sang, les intrigues sont construites avec soin et toujours surprenantes.
Avec Nous rêvions juste de liberté il récidive et offre un magnifique récit sur l’amitié, sur la trahison, sur cette recherche de liberté si difficile à atteindre.
serge perraud
Henri Lœvenbruck, Nous rêvions juste de liberté, J’Ai Lu, coll. “Thriller” n° 1125, mars 2017, 496 p. – 7,80 €.
Pourquoi avoir changer la couverture??
Ok ““rouler”“Sans mains et Sans pieds ne doit pas être Si évident !…
Mais Il y a tant de liberté de rêves de .… Dans l autre couverture
Hé mec ce weekend y a methamis
Wawawoummmm