L’archéologue d’un sublime intempestif
Fantastique iconoclaste et savant (géologue de formation), Marcel Miracle traverse le monde avec de préférence des point d’ancrage entre le France, la Suisse et le sud de la Tunisie où il possède une maison plus ou moins improbable. Par des objets hétéroclites les plus modestes et à l’aide d’un art du dessin qui lui est propre, l’artiste invente récits et collages faussement naïfs et toujours ironiques.
Capable de percevoir les ondes telluriques qui traversent le monde rupestre, totalement à part dans le monde artistique contemporain, le lecteur de Pérec et de Malcolm Lowry, suite à un travail avec les écoles des Hauts de Chambéry, présente dans la ville une collection de ses objets « trouvés ». Parallèlement, il expose ses œuvres en deux galeries d’Arles.
Archéologue d’un sublime intempestif : le poète tire de ses objets statiques sans signification apparente la condition galopante du monde. Pour le soulever, il n’est plus besoins de vérins hydrauliques : le vélin suffit à faire bouger le réel, dérouter le monde, « déjouer les apparences du fini non par la magie mais par l’observation ». Le tout dans l ‘«attente du déferlement de cette vague qui surgit du lointain ici et maintenant pour affronter le mystère du regard ». Marcel Miracle pour autant n’est pas de ceux qui refuse la puissance mystérieuse des forces cosmiques et il demeure une sorte de griot poète et scientifique.
Toutefois, il ne joue ni les sages ni les gourous. Peu sensible aux guilis-guilis de l’ego, il sait faire tordre de rire ceux qui prennent le temps qu’il faut pour savourer ses équations où se mêlent l’Y des cuisses féminines et l’X d’un cinéma particulier qui n’a rien de pornographique. Rameur de bateau ivre dans les vagues des déserts de sable, dévoreur des fruits du hasard, ce limier si fin saisit tout ce qui se dérobe sur la terre ou sous les bas à résille des troncs de palmiers qui lui font prendre dattes avec tout se qui se dérobe.
jean-paul gavard-perret
Marcel Miracle,
– Signes, galerie quatre, et galerie Cyrille Putman, Arles, du 1er avril au 20 mai 2017,
– exposition, Le Scarabée, Chambéry, du 2 au 19 Mai 2017.