L’œuvre de Catherine Ursin, c’est — comme il était dit dans un dialogue fameux d’Audiard -« du brutal ». Mais quoi de mieux pour métamorphoser le monde ? L’artiste déstabilise le regardeur en créant des apparitions dynamiques et plaisamment sexuées. Des animaux carcasses, des silhouettes étranges ouvrent leur surface afin que le vide prenne la place du plein. Existe ainsi un perpétuel jeu entre le dehors et le dedans, le compact et l’ajouré, le tout avec cocasserie. Un monde féminin jouxte le masculin et ce dernier apparaît autant en ruine qu’en germination.
Des volutes transforment les masses rondes en noyaux intenses. Dans chaque œuvre ont lieu des sortes de luttes intestines. L’organique acquiert une force poétique entre mutation et stabilité. Si bien que Catherine Ursin ne cesse d’agacer l’image du corps afin d’interroger son devenir, ses ombres, ses espaces entre « le soi et son vertige ». L’artiste crée des mouvements, d’un abîme surgit une proéminence de formes multiples et croissantes. Jaillissent des protubérances mais toujours en un bel équilibre : il n’a rien de décoratif : il est existentiel et transgressif.
En solo ou avec des écrivains, comme aujourd’hui avec l’éminent iconoclaste Kenny Ozier Lafontaine (aka Paul Poule – aux œufs d’or), l’artiste crée un imaginaire de conquête très particulier. Chaque individu devient une consistance en contresens avec l’acception ordinaire du “chaotique”, dont l’ordre fluctue sans cesse et dont le désordre n’est jamais imaginable.
Le langage n’est plus seulement une langue étrangère dans la langue d’Ozier Lafontaine mais tout le langage passe dans un travail à quatre qui reste une fugue en devenir.
lire notre entretien avec Catherine Ursin
jean-paul gavard-perret
Catherine Ursin & Kenny Ozier-Lafontaine, Mordre, Editions les Crocs Electriques, 2017.
merci et bien le bonjour… Catherine