Démocratie (Michael Frayn)

Un bon spec­tacle en son genre, très contes­table en lui-même.

Cela com­mence par une pro­jec­tion en fond de scène de sym­boles majeurs de l’histoire de l’Allemagne : nazisme, com­mu­nisme, anar­chisme. Des images, des graf­fi­tis à voca­tion didac­tique sont ponc­tués d’une musique démons­tra­tive, impo­sant une ambiance grand spec­tacle. Le pro­pos se veut d’emblée péda­go­gique : une voix off rafraî­chit les mémoires sur les ambi­tions du chan­ce­lier, son des­tin his­to­rique et la fameuse Ost­po­li­tik qu’il a mise en œuvre. Les grands per­son­nages de la vie poli­tique alle­mande du début des années 1970 sont pré­sen­tés à grands traits ; la trame est nar­ra­tive, elle pro­cède d’un éclai­rage à la loupe de la vie quo­ti­dienne à la Chan­cel­le­rie de Bonn, qui se tisse au fil d’une affaire d’espionnage, laquelle, comme on sait, fera tom­ber Willy Brandt.

La poli­tique est vue ici sous l’angle d’une per­son­na­li­sa­tion cari­ca­tu­rale. Il en résulte une sim­pli­fi­ca­tion outran­cière des enjeux sociaux et géos­tra­té­giques, au pro­fit d’une pré­sen­ta­tion plai­sante, psy­cho­lo­gi­sante, des rap­ports humains indi­vi­dua­li­sés. Les dia­logues se font donc volon­tiers anec­do­tiques, sinon même gri­vois. Le pro­pos est dyna­mique, il retient l’attention du spec­ta­teur sans jamais l’inquiéter ni la sol­li­ci­ter. L’ensemble reste démons­tra­tif et peu nuancé. L’avantage de cette réduc­tion de la poli­tique à la vie poli­ti­cienne est de don­ner une épais­seur cha­leu­reuse à cha­cun des pro­ta­go­nistes. Les acteurs campent bien leur per­son­nage, qu’ils rendent cha­cun à sa manière atta­chant. L’inconvénient est de faire fi de tous les enjeux, de s’en tenir aux appa­rences et à une repré­sen­ta­tion fan­tas­mée, trom­peuse. Un bon spec­tacle en son genre, très contes­table en lui-même.

Chris­tophe Giolito

Michael Frayn, Démo­cra­tie

ver­sion fran­çaise Domi­nique Hol­lier — mise en scène Jean-Claude Idée

 Avec :

Jean-Pierre Bou­vier (Willy Brandt) ; Xavier Cam­pion (Ulrich Bau­haus) ; Emma­nuel Dechartre (Hel­mut Schmidt) ; Alain Eloy (Gün­ter Guillaume) ; Jean-François Guilliet (Her­bert Weh­ner) ; Fré­dé­ric Lepers (Horst Ehmke) ; Fré­dé­ric Nys­sen (Rein­hard Wilke); Freddy Sicx (Arno Kret­sch­mann) ; Fran­çois Siki­vie (Gün­ter Nol­lau) ; Alexandre von Sivers (Hans-Dietrich Genscher).

Au Théâtre 14 Jean-Marie Ser­reau, 20 Ave­nue Marc San­gnier, 75014 Paris

Réser­va­tions 01 45 45 49 77

Du 11 sep­tembre au 27 octobre 2012

les mardi, ven­dredi et samedi à 20 h 30 – mer­credi et jeudi à 19 h

mati­née samedi 16 h – relâche : dimanche et lundi

Pro­duc­tion de l’Atelier Théâtre Jean Vilar en co-réalisation avec le Théâtre 14

avec le sou­tien de Wallonie-Bruxelles International

Démo­cra­tie a été créée au théâtre Aula Magna de Louvain-la-Neuve (Bel­gique) en février 2012

Le texte de la pièce est publié aux édi­tions Actes Sud en 2007.

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