Sabine Zaalene est née à Sion en Suisse. Après des études en archéologie et histoire de l’art, à Bordeaux et à Paris, elle a obtenu ensuite un master en arts visuels à Sierre. Pratiquant différents médiums (installation, gravure, photographie, vidéo écriture), elle poursuit un projet intitulé « Actuelles Antiques » lié à l’iconologie et à la mythologie. L’Antiquité devient un champ d’inspiration. Mais l’artiste aime aussi joindre les contextes historiques au présent afin de faire jouer leurs strates.
Récit, autofiction, documentaire, Vieille branche mélange l’intime et l’universel aux moyens de fragments : lieux et personnages font se croiser différents temps. L’Algérie est revisitée depuis l’Antiquité jusqu’à la colonisation française puis sa « libération ». Tout dans son beau livre commence avec la phrase : « À Souk-Ahras se trouve l’olivier de saint Augustin. ». L’auteure a bien entendu cette phrase, elle se souvient de qui l’a prononcée mais elle ignore si elle a vu cet arbre lors des étés où son père l’emmenait en Algérie. Ce qui ne l’empêche pas – au contraire même – de poursuivre sa recherche généalogique au cœur de ce pays au sein d’une écriture visuelle, cinématographique et politique.
Le livre fut créé à l’origine par un sentiment d’étrangeté autant que de filiation Et il a fallu du temps à l’auteure pour comprendre que seule sa recherche pouvait devenir sinon le lieu du moins le champ d’investigation nécessaire à sa vie de femme. A travers ce cheminement, elle cherche à ne rien ignorer de la nuit de son temps comme de la solarité qui l’anime. La chaleur et la lumière qu’elle diffuse enferment un secret peu propice à l’admiration “classique” et anthropomorphique du même tonneau.
Pourtant, se ressent ici un pacte entre lieux et générations par delà les zones d’ombre et de silence existentiels ou historiques..
jean-paul gavard-perret
Sabine Zaalene,
- Vieille branche, collection ShushLarry
- Les poches qui brassent de l’art, art&fiction, Lausanne, 2017 , 100 p. — 14, 90 €.