Claude Laurent répond au double problème de l’identité. A savoir, le “qui je suis” et le “si je suis”. Sa peinture permet de connaître les propriétés physiques du feu des êtres « de bois » et d’en faire éprouver la chaleur, la brûlure comme la cendre. L’artiste dépasse la seule volonté consciente. S’inscrit une avancée subtile en une économie particulière. La peinture est souple, délicate. En dessous palpite une chair que l’on ne connaît pas ou trop mal. Il faut alors aller chercher chaque fois un peu plus loin dans les oeuvres de la créatrice. On peut s’y aventurer sans crainte car elle a biffé ce qui s’immobilise dans une répétition.. Elle ne dissimule rien du peu que nous sommes mais suggère aussi un certain sentiment extatique de la vie. Sa peinture donne voix à bien des silence de l’être et en affronte le secret. Elle le recherche comme elle se cherche : « quand je saurais cela ira mieux! » dit-elle.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
L’envie de peindre, d’aller à l’atelier.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
J’y pense toujours, j’y crois de moins en moins, mais ils sont toujours là.
A quoi avez-vous renoncé ?
Les voyages, l’amour pour le moment, la famille.
D’où venez-vous ?
De loin, Caracas.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Rien.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Ce serait de prendre le temps de me balader dans la nature, et nager
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Je suis reconnaissable de par mon style et les couleurs que j’emploie.
Comment définiriez-vous votre approche du corps féminin et masculin ?
J’aime peindre les nus féminin.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
L’art stylisé des Aztèques et Mayas.
Et votre première lecture ?
“L’écume des tours”, “Le prophète”, “Le meilleur des mondes”, pas les premiers mais ils m’ont marquée.
Quelles musiques écoutez-vous ?
De tout, musique du monde
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Aldous Huxley, “Le meilleur des mondes” “Khalil Gibran”, “Le prophète”.
Quel film vous fait pleurer ?
Certains Walt Disney.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Un enfant.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
A des artistes que j’aime.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Rome.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Victor Brauner, Man Ray, Karel Apple.…Topor, certains contemporains de l’art stylisé
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Une maison.
Que défendez-vous ?
La planète, la nature et les animaux et ceux qui l’aime, la reconnaissance des vrais artistes
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
La frustration.
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Il a saisi plein de trucs de la vie ! et la question is ??? à méditer
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
J’y penserai…
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perrert pour lelitteraire.com, le 30 avril 2017.