L’art italien dans tous ses états
L’exposition marseillaise permet de voir comment l’existence comme la perception du réel prennent un nouveau visage, une nouvelle formation dans l’art Italien contemporain. La forme en émerge démultipliée et différée pour aboutir à des « relevés » étranges qui interrompent l’aspect de fétiche qu’on accorde à l’image. Surgit de la pluralité des propositions un état d’union et de désunion.
Chez Draga comme chez Gervasi — entre autres — les personnages se multiplient, se chevauchent. Le savoir et l’emprise que prétend instituer le portrait sont pris dans un mouvement de dérive. Kikko ou Negri mènent du clos à l’ouvert. Chaque recomposition permet de trouver de nouvelles précisions non dans la continuité iconographique mais par ses « accidents » programmés dans ses renaissances. Elles contiennent forcément des abandons, des incomplétudes programmées qui néanmoins génèrent des renaissances (forcément italiennes…).
La peinture ne se contente plus de ressembler à un miroir. Ajourée, travaillée, elle donne à voir les lambeaux de l’idolâtrie qu’on lui accorde trop souvent. Surgit un reste mais suffisamment puissant pour qu’il réanime un culte. Puisant leur inspiration partout mais surtout dans la vie et l’histoire de l’art qu’il revisite sans cesse, les artistes deviennent les guides de nouvelles pistes d’expérimentation.
L’âme antique de la peinture s’impose mais elle ramène chez Cicolani et les autres aux milieux des couleurs vives traitées de manière radicale afin que chaque toile devienne une vision de divers mirages et rêveries qui, pour autant, ne négligent en rien les contingences de l’époque.
jean-paul gavard-P=perret
Les labyrinthes de l’imaginaire, Les outsiders italiens aujourd’hui, Stefano Codega — Davide Cicolani — Andrea Bolzoni – Germana Dragna, Umberto Gervasi — Giovanni Galli — KIKKO — Fabio Negri — Maurizio Zappon, Polysémie Art Contemporain Marseille, En collaboration avec : la galerie M&M à Gênes, Eva Di Stefano et l’Osservatorio Outsider Art de Palerme, Giorgio Bedoni et Atelier Diblu de Melegnano. Judsqu’au 6 mai 2017.