Aga Lesiewicz, A perdre haleine

Course contre la montre

Nouvelle venue dans le monde du thril­ler, la bri­tan­nique Aga Lesie­wicz nous livre un pre­mier roman qui tient ses pro­messes dès les pre­mières lignes. En met­tant en scène une héroïne d’aujourd’hui, sûre d’elle, busi­ness­wo­man accom­plie, elle nous entraîne à sa suite dans une enquête pas­sion­nante, avec un style vif, et une nar­ra­tion très rythmé et effi­cace.
Anna Wright, la tren­taine épa­nouie, réus­sit brillam­ment une car­rière dans une société de pro­duc­tion lon­do­nienne et aime à éva­cuer son stress en effec­tuant un jog­ging dans le parc d’Hampstead Heath. Son seul com­pa­gnon est Wispa, son fidèle labra­dor. Aucune rela­tion stable dans sa vie, sur­tout qu’elle vient tout juste de quit­ter son ex-petit ami, un rien trop enva­his­sant. Anna tient donc à son indé­pen­dance, et quand elle croise le che­min d’un autre spor­tif, elle suc­combe à son attrait ani­mal au cœur même de ce parc immense. Trou­blée par celui qu’elle appelle son “man­ne­quin Dior”, elle ne pense plus qu’à renou­ve­ler ces ébats ano­nymes et clan­des­tins. Mais quand un vio­leur com­mence à sévir dans le parc, et s’attaque à des femmes soli­taires, l’inquiétude gagne Anna.
Elle com­mence à se poser de plus en plus de ques­tions sur son inconnu : pourrait-il être l’auteur des agres­sions ? D’autant plus que des faits trou­blants se pro­duisent dans son entou­rage : sa chienne dis­pa­raît et est retrou­vée à plu­sieurs kilo­mètres, ses voi­sins semblent étran­ge­ment fas­ci­nés par son mode de vie, sa voi­ture est frac­tu­rée… jusqu’à ce qu’un drame plus atroce encore vienne frap­per Anna en plein cœur. Il lui fau­dra toute sa déter­mi­na­tion pour décou­vrir l’identité de la per­sonne à la source de ses ennuis. Mais en aura-t-elle le temps ?

Le temps est un élé­ment cru­cial de ce polar noir. Il y a un Avant et un Après un jog­ging dérou­tant qui sert de pré­face au roman. La ten­sion est pal­pable dès le départ, et notre ima­gi­na­tion court au fil de pages au même rythme car­diaque qu’Anna. L’héroïne est tou­chée dans sa rou­tine quo­ti­dienne, et fait preuve d’un sang-froid dérou­tant par­fois. Prise dans un engre­nage mor­tel, elle ne sait plus à qui faire confiance, mais peut néan­moins comp­ter sur l’aide de la police.
L’auteure n’hésite pas à insé­rer dans son his­toire quelques scènes sexuelles expli­cites, qui dis­til­lent une ambiance à la “Liai­son fatale”. Le style n’en devient donc que plus piquant, et reflète aussi l’évolution des mœurs de notre société, où l’on consomme avec gour­man­dise le sexe, sans trop se poser de ques­tions sur les consé­quences à venir. On ne sombre cepen­dant pas dans un cer­tain mora­lisme, bien au contraire, on a affaire à quelqu’un de bien dans ses bas­kets, tout du moins au début.
Il est en tout cas cer­tain que ce thril­ler révèle un nou­veau nom de la scène bri­tan­nique, qui vous amè­nera à réflé­chir avant d’aller cou­rir seul(e) dans les bois… atten­tion au loup : si son pelage donne envie d’être caressé, ses griffes pour­raient bien vous lais­ser quelques marques. Vous voilà prévenu(e)s.

franck bous­sard

Aga Lesie­wicz, A perdre haleine, Bel­fond Noir, 2017, 377 p. –20,00 €.

 

 

 

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