Les jumelles est le premier roman d’une ex-journaliste anglaise. Elle semble avoir bien mérité le prix du premier roman Marie Claire UK, même s’il y a quelques longueurs dans la première partie. L’auteure joue avec nos nerfs en abordant le thème troublant de la gémellité, en essayant de le dépoussiérer un peu. Elle met en exergue le lien puissant qui relie des jumeaux, même après la disparition d’un d’entre eux. Fascination, désir et répulsion se mêlent habilement dans ce thriller psychologique, où la folie guette à chaque page.
Mais était-il bien nécessaire de faire se côtoyer deux couples de jumeaux ? Etait-il nécessaire d’y faire figurer quelques scènes de sexe plus ou moins explicites ? La légèreté du début de l’amitié des deux femmes fait heureusement place à une tension psychologique de plus en plus palpable dans la seconde partie du roman, qui fait oublier les longueurs du début et quelques moments vraiment ennuyeux.
Quand Abi Cavendish croise Beatrice dans les rues de Bath, elle en reste interdite, tant la ressemblance avec sa défunte sœur jumelle est incroyable. Elle lui adresse la parole, et les deux femmes sympathisent tellement rapidement que Béatrice propose à Abi d’emménager dans sa grande maison. Une maison bourgeoise où elle héberge d’autres amis, et qu’elle partage avec son frère jumeau Ben.
Très vite, la fascination qu’exerce Beatrice sur Abi s’intensifie, et un certain malaise s’insinue entre elles, et grandit d’autant plus qu’Abi et Ben entament une liaison. Le duo devient trio, mais trois ne fait pas un très bon chiffre. Abi semble éprouver quelques troubles psychologiques, l’ombre de sa sœur revient sans cesse à sa mémoire. Beatrice et Ben entretiennent une relation parfois malsaine, et Beatrice révèle peu à peu des aspects de sa personnalité moins sympathiques à sa nouvelle co-locataire, elle l’accuse de lui voler certains bijoux, et de s’immiscer entre elle et son frère. Abi serait-elle en train de sombrer dans folie, ou Beatrice et Ben cacheraient-ils de sombres secrets ?
Le talent de l’auteure réside dans le fait de nous faire partager les crises de nerf des personnages, et à réellement semer le doute dans nos esprits quant à la santé mentale des personnages. Qui manipule qui ? Qui est vraiment celui qu’il dit être ? Les clefs de l’énigme résident bien sûr dans le passé de chacun.
L’auteure ne réussit peut-être pas à fasciner autant que dans Faux semblants – porté à l’écran par Cronenberg – , mais ne s’en tire pas si mal pour un coup d’essai. Les dernières pages viendront en rajouter à votre trouble ou peut-être à votre ennui.
franck boussard
Claire Douglas, Les Jumelles, Harper collins noir, 2016, 341 p. — 18,90 €.
Merci Franck tu me donnes envie de lire ce livre
J’adore tes commentaires