Silvia Baron-Supervielle, Chant d’amour et de séparation

L’exil et le royaume

De son expé­rience per­son­nelle la poé­tesse dégrafe bien des pans depuis sa déci­sion de quit­ter l’Argentine pour rejoindre la France. D’où les thèmes récur­rents de l’exil et de l’éloignement qui par­courent un livre plus de réflexion dis­crète que de débal­lage où percent par­fois l’audace et le tour­ment. A tra­vers l’approche de la poé­sie, de la tra­duc­tion, du visible et de l’invisible, de la foi comme de l’amitié pour Jac­que­line Ris­set se per­çoit la voix d’une auteure et d’une artiste rare qui reste tou­jours sous le registre de la réserve.
En fei­gnant de ne pas y tou­cher, la poé­tesse ose pour­tant un cer­tain aban­don aussi direct qu’élégant. Le livre est pétri d’âme et de regards atten­tifs là où l’équinoxe du pro­pos ne brûle pas mais réchauffe. Tout est juste et dia­phane. Il marque autant l’indépendance de la femme qu’il peut signi­fier une sorte de  monade de l’unité de l’être.

Mais le livre pousse à de mul­tiples inter­ro­ga­tions. A tra­vers ses repères figu­ra­tifs, Sil­via Baron-Supervielle ne cesse de faire tres­saillir l’onde d’un élan loin de tout exhi­bi­tion­nisme. Et le charme du livre n’a rien de délé­tère ou com­passé. Il semble tou­jours plus vaste et mou­vant d’instants en ins­tants. Les pointes de ses flammes brûlent  depuis un  spectre de corail caché sous des voiles. L’emprise spi­ri­tuelle semble plus forte que l’emprise char­nelle mais elle n’est pas exclue —  les coupes claires sont plus fré­quentes que les sombres.
L’imaginaire sait res­sai­sir le tracé à la fois abrupt et sinueux de l’existence. Si le ciel s’ouvre, la terre ne manque pas sous les pas. Des secousses arrivent sur les lèvres, elles arrivent du fond des temps, et voici à nou­veau comme un début d’été dans ce (beau) livre de bilan.

jean-paul gavard-perret

Sil­via Baron-Supervielle, Chant d’amour et de sépa­ra­tionGal­li­mard, col­lec­tion Blanche, Paris, 2017.

 

 

 

 

 

 

1 Comment

Filed under Essais / Documents / Biographies, Poésie

One Response to Silvia Baron-Supervielle, Chant d’amour et de séparation

  1. Carreira Anne Marie

    Ce chant d’amour et de sépa­ra­tion doit être une belle his­toire . Ça sent le vécu d’une âme sen­sible et tour­men­tée, comme il y a tant d’autres!
    Votre cri­tique est si tou­chante que cela donne envie de le lire.
    Merci JPGP
    Je vous sou­haite une bonne journée .

    AMC

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