Et si les dieux anciens continuaient de régner…
Essentiellement fêtée en Scandinavie, la nuit du 30 avril au 1er mai, la nuit du Walpurgis sacralise un rite de fécondité qui trouve son origine dans le passage de l’hiver au printemps. Suite à une évangélisation musclée, les populations nordiques y associèrent la célébration de sainte Walburge, une religieuse anglaise canonisée un 1er mai.
De nos jours, à Stockholm, la population fête la nuit de Walpurgis. Un homme, en état d’ébriété avancée, devient violent au point que la police le place en cellule de dégrisement.
À Vörstorp, au nord de la capitale, c’est la même cérémonie. Mais, pendant que les gens se réjouissent, s’unissent, un commando surgit dans la crèche où ont été rassemblés tous les bambins pour la nuit, et les massacre. Le lendemain, c’est le commandant Nolden qui fait sortir le capitaine Martin Gudesonn de sa cellule pour rejoindre son équipe et filer, immédiatement, enquêter sur le massacre. Sur place, ils rencontrent le sergent Jonna Liberg, en charge du poste de police. Sa sœur, qui se trouvait dans la crèche a été tuée, mais Nils, son petit neveu est introuvable. Gudesonn, encore secoué par ses libations de la veille et la vue de ces enfants exécutés, va aux toilettes pour vomir. En relevant la tête, il voit Nils derrière une grille d’un conduit d’aération. Le capitaine décide de garder secrète cette information.
Au siège de la Guilde Nordique, le conseil des sages présidé par Jarl Har réclame un coupable, à trouver rapidement ! Il signifie au commandant Nolden que sa carrière en dépend.
Les scénaristes plantent leur histoire dans un monde qui ressemble à celui que l’on connaît mais qui présente des différences notables. Si la disposition géographique est la même avec les continents, les océans, les Etats qui se partagent l’espace habitable sont d’une configuration inconnue. La Confédération scandinave semble être la nation dominante sur un Empire Inca, une Union africaine, un Royaume Khmer d’Indochine, une Mare nostrum… Les religions monothéistes n’existent pas et les peuples continuent d’adorer leurs panthéons de dieux.
Les auteurs proposent une uchronie, une sorte de jeu de l’esprit qui consiste, à partir d’un événement historique authentique, à imaginer ce qui aurait pu se passer si… Ainsi, des auteurs ont pensé à des sociétés où Napoléon n’a pas été vaincu à Waterloo, Les Russes n’ont pas gagné la bataille de Stalingrad, Christophe Colomb n’a pas découvert l’Amérique… Le trio de scénaristes s’engage dans une uchronie religieuse où les cultes monothéistes n’existent pas, où seuls les dieux anciens tels que Odin, Osiris, Zeus ou Vishnou ont droit à l’adoration des humains. Mais, pour l’instant, les auteurs restent discrets sur les raisons et les événements qui auraient pu bloquer l’émergence de la Thora, de la Bible…
Si l’action de ce premier tome se déroule essentiellement dans la Confédération scandinave, il reste à découvrir les interactions avec le reste des Etats. Mélange de magie, de fantasy, d’anticipation, ce premier tome est intéressant bien que centré sur une enquête policière qui amène les protagonistes au cœur d’un pouvoir qui cherche à tout prix à conserver des secrets et que les investigations des policiers dérangent.
Le dessin de Mr Fab reste très succinct, présentant a minima tant les personnages que les décors. Les visages et les expressions sont esquissés mais bien présentés dans les gros plans.
La nuit de Walpurgis met en place un récit qui devrait, compte tenu du contexte, prendre une ampleur attractive. À suivre !
serge perraud
Didier Convard, Pierre Boisserie, Eric Adam (scénario) & Mr Fab (dessin et couleur), Gudesonn - t.1: “La nuit de Walpurgis”, Delcourt, coll. “Machination”, mars 2017, 56 p. – 14,95 €.