Helen Dunmore, La Maison des orphelins

Un roman à l’intrigue conve­nue mais qui reste cap­ti­vant et saura diver­tir le temps d’une soi­rée morose

“La Mai­son des orphe­lins” est, en Fin­lande, un sinistre refuge pour enfants aban­don­nés. En dépit des soins pro­di­gués par le méde­cin du vil­lage, Tho­mas Eck­lund, les enfants qui y vivent meurent de mala­die. S’ils sur­vivent, ils sont voués à un des­tin tra­gique : adop­tés par les familles avoi­si­nantes, ils passent leur vie à effec­tuer des tâches pénibles au cœur des froides cam­pagnes fin­noises. Helen Dun­more déploie tout son talent de conteuse pour peindre les atmo­sphères ennei­gées, silen­cieuses et sans espoir de ce début de XXe siècle scan­di­nave. Dans ce triste pay­sage, un rayon de soleil prend les traits d’une jeune fille, Eeva.

Ce roman sera l’histoire de son entê­te­ment à bra­ver tous les déter­mi­nismes liés à sa condi­tion d’orpheline, à conqué­rir sa liberté, au cœur d’un monde hos­tile à toute éman­ci­pa­tion. Bien sûr, le doc­teur, qui recueille Eeva à sa sor­tie de l’orphelinat, tombe amou­reux d’elle, jeune femme hors du com­mun. Par consé­quent, Eeva atti­rera les jalou­sies. Cepen­dant, elle s’en sor­tira, par sa seule (bonne) volonté. C’est clair comme une dis­ser­ta­tion sur le thème : peut-on échap­per à sa condi­tion, même si on est une femme, pauvre, et que l’on vit à la cam­pagne ? Les inten­tions de l’auteur sont louables : il s’agit de faire décou­vrir un pays mal connu dont les enjeux poli­tiques sont uni­ver­sels, Eeva est le sym­bole de la liberté dans une Fin­lande qui cherche à échap­per à la domi­na­tion russe. Sublime, non ?

L’intrigue est pleine de rebon­dis­se­ments, on ne s’ennuie pas. L’histoire d’amour entre Eeva et son ami d’enfance ajoute un peu de piment. Les méchants sont clai­re­ment iden­ti­fiables, mais on les excuse (jeu­nesse dif­fi­cile, passé trouble). Les cari­ca­tures abondent, ce qui faci­lite la lec­ture : ruraux sans édu­ca­tion s’opposant à des cita­dins agi­ta­teurs, ordre éta­bli — for­cé­ment stu­pide - menacé par des révo­lu­tion­naires pauvres mais lettrés.

Bien que sim­pliste, ce roman reste cap­ti­vant. Remer­cions Helen Dun­more pour le diver­tis­se­ment apporté le temps d’un dimanche après-midi plu­vieux ou d’une soi­rée morose. La lec­ture de ce roman réchauffe le cœur, à défaut de nous remuer véritablement.

NBLe tra­duc­teur, Marc Amfre­ville, a obtenu en automne 2006 le prix Mau­rice Edgar Coin­dreau pour sa tra­duc­tion du Livre du Sel, de Monique Truong (Rivages, novembre 2005).

m. piton

   
 

Helen Dun­more, La Mai­son des orphe­lins (tra­duit de l’anglais par Marc Amfre­ville), Bel­fond coll. “Les étran­gères”, sep­tembre 2007, 453 p. — 21,00 €.

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