La présentation de l’éditeur :
Auteur d’ouvrages à destination des Classes Préparatoires aux Grandes Écoles et professeur de philosophie au Lycée militaire de Saint-Cyr l’École de 2005 à 2014, Frédéric Grolleau [qui est aussi le fondateur et directeur de la rédaction du litteraire.com ] y a dispensé pendant toutes ces années, à raison d’une dizaine d’heures par semaine, des interrogations orales à destination des élèves des Classes Préparatoires aux Grandes Écoles (filières Lettres, Sciences économiques et sociales) : CPES, 1re et 2e années.
Grâce à sa formation pluridisciplinaire, l’auteur a eu m’honneur, d’intervenir dans trois domaines à la fois (philosophie, lettres, culture générale), et ce sont, avec le recul, certaines des prestations effectives, de philosophie et de lettres (1re et 2e années) – exposées à l’orale par les candidats et conservées telles quelles dans la retranscription de l’examinateur, jugées représentatives du genre et de l’exercice qui sont réunies dans le présent ouvrage. Il s’agit de familiariser les étudiants, actuels ou futurs, des classes préparatoires avec des propositions de traitement possibles pour chaque sujet présenté.
Préface (ci-dessous) de Christophe Giolito,
- professeur de chair supérieure en classes préparatoires au Lycée militaire de saint-Cyr l’Ecole
– collaborateur de l’ENA (Classe préparatoire intégrée)
Frédéric Grolleau, Réussir les interrogations orales en classes préparatoires (60 sujets), Bréal, mars 2017, 352 p. — 15,00 €.
Préface :
Ce livre se présente à trois titres comme une trace. Il est l’ultime fruit d’une collaboration de Frédéric Grolleau avec les professeurs de classes préparatoires du lycée militaire de Saint-Cyr ; il est aussi la restitution d’un effort de composition des candidats ; il devrait être enfin l’empreinte d’un échange entre l’élève et l’examinateur. On y trouve ainsi témoignage d’une amitié, restitution d’une tension, vestige d’une interaction.
L’auteur est un interrogateur exigeant, rigoureux, voire rigoriste. Toujours soucieux de récompenser le travail des élèves, il n’a jamais manqué de sanctionner leurs défaillances. Animé d’une ardeur et d’un zèle rarement pris en défaut, il a su s’imposer comme auditeur attentif, adaptant ses exigences aux différentes épreuves préparées par les élèves. Correcteur chevronné, ses évaluations ont immanquablement rendu lisibles les critères sévères qu’il appliquait aux prestations entendues (1). Sa collaboration à l’enseignement en classes préparatoires était précieuse, ses appréciations incisives et drastiques, sinon impétueuses.
Cet ouvrage perpétue une tradition, celle de la promotion des « bonnes copies ». Il s’agit de retenir les performances les mieux accueillies par un jury pour les mettre en exergue. Publier des réussites, celles des élèves, ce n’est pas seulement sélectionner les prestations d’élite, c’est rendre disponibles les meilleures réalisations. Il n’est pas tant question de mettre en exergue des modèles pour inciter à les imiter, que de faciliter l’accès à des exemples pour inviter à en constituer par soi de similaires (2). Cette tradition a ses limites. L’envie ne manque pas au correcteur de rectifier telle expression perfectible, telle formulation inexacte. Le choix a été fait ici de restituer les propos des élèves tels que l’examinateur les a consignés : avec leurs défauts, leurs imperfections et limitations. L’effort du postulant doit y être sensible dans sa teneur brute, voire rustique. Le rédacteur est ici un compilateur : son rôle a été de sélectionner les oraux les plus représentatifs, d’en restituer l’essentiel afin de le soumettre à l’examen du lecteur. Il n’est pas seulement question de normaliser les interrogations (ce qui est somme toute le destin naturel d’épreuves académiques et formelles), mais encore de permettre à chaque candidat au concours d’intégrer les exigences qui sont celles des jurys.
Enfin, parce que les traces des essais présentés ici consistent en une cristallisation, celle d’une interaction entre le candidat et son évaluateur, elle est le résultat d’un travail d’élaboration de la part du postulant, d’une attention de la part de son examinateur – qui en devient le co-auteur – et d’une appréciation de ce même auditeur. Une fois le propos sanctuarisé par un livre, on risque d’omettre sa dimension d’interlocution. La lecture de ces prestations doit donc encourager un entraînement qui, comme toute répétition, ne trouve sa réalisation que dans l’échange auquel il aboutit, lors d’une interrogation ou lors du concours, avec l’examinateur. Trop nombreux sont en effet les candidats qui oublient que les épreuves orales d’admission sont destinées à être couronnées par un dialogue avec le jury. Au moment où le candidat souffle, reprend paisiblement ses esprits, pour l’examinateur, le cœur de l’épreuve commence : il pourra solliciter son interlocuteur et évaluer ses capacités à répondre spontanément mais délibérément de ses propos. Il convient donc que l’élève soit conscient des questions auxquelles peut donner lieu sa prestation. C’est pour développer les capacités de construction, d’information et de discussion critique de son lecteur que ce livre a été élaboré. Puissent les efforts de Frédéric Grolleau contribuer à former de nombreux étudiants et lauréats.
notes :
1. En ce qui concerne les explications de textes philosophiques, ainsi que les commentaires de textes de culture générale, j’ai proposé des fiches explicitant les critères d’élaboration et d’évaluation des prestations orales (reproduites en annexe). Discutables par leur formalisme excessif, elles doivent être conçues comme des barèmes indicatifs permettant d’objectiver des critères que l’interrogateur n’a que trop rarement le temps de formuler. Certes artificielles dans leur supposée intangibilité, elles ont la vertu pédagogique d’identifier des éléments d’évaluation que les différents jurys peuvent pondérer différemment, mais qu’ils ne sauraient renier.
2. Pour faciliter l’exercice nécessaire de composition par soi, je me permets de renvoyer aux fiches méthodologiques (intitulées « Démarches pour la composition ») également publiées en annexe, que je soumets à mes étudiants pour les aider dans leurs entraînements.
Christophe Giolito