Mylène Vignon, Confis toi – poèmes sucrés

Mylène Vignon et les fruits de la passion

Il existe au moins deux sortes de sucre­ries. Celles qui écoeurent par abon­dance de glu­cides et celles qui — ne man­quant pas de sel — font la folie du sage et du pas sage tout autant. Bref, celles qui ne comptent pas pour des prunes même lorsqu’elles se font, comme Mylène Vignon, mira­belles parmi les belles : « Allon­gée nue sur une tarte / En forme de sofa / Dans un par­fum de volupté / Vanillée /Je suis la prune / Aux tendres val­lons dorés / Bien sucrée ».
Qu’importe le dia­bète lorsque la bêbête monte et que l’habile pâtis­sière pâtis­sée fait tout pour qu’il en soit ainsi.
A cha­cun de ses poèmes, l’habile traî­tresse se fait réci­di­viste. Elle reste une des rares à mettre son lec­teur en des confi­tures. Il est bon d’y trem­per les doigts voire de s’y ense­ve­lir. Mylène Vignon déclenche un mou­ve­ment de sys­tole où le mode de l’impératif (« Viens ») prend le pas sur d’autres ité­ra­tions deve­nues dès lors plus que sub­si­diaires. Voilà qui n’est peut-être pas très chré­tien, mais qui rap­pelle com­bien deve­nir amou­reux d’une bou­lan­gère — sur­tout amène — ne laisse jamais sur sa faim. D’avance, la poé­tesse par­donne tout aux ado­ra­teurs de miches et de vien­noi­se­ries.
Ses textes assas­sinent l’austère, pétillent, mettent bas tous les tar­tuffes qui encombrent le monde. Dieu lui-même n’est pas en reste puisqu’il nous priva de dessert.

Ici pas de grève de la faim, che­min de cal­vaire ou patères aus­tères. Tout est bon afin de ne pas vivre face contre terre sinon pour y cher­cher, en petits cochons roses, des truffes. Au cho­co­lat bien sûr. Il s’agit de se sen­tir exis­ter en pou­vant crier comme le fai­sait Jean l’Anselme “La vie, quel choc ! hola”. Avec ses bou­chées Fer­rero, la fée éros enri­chit notre concen­tré de magné­sium. Reste à l’honorer (tel un Bal­zac).
La poé­sie devient lit-turgique quand la reli­gieuse est pâte à choux. Bon appé­tit à tous.

jean-paul gavard-perret

Mylène Vignon, Confis toi – poèmes sucrés, illus­tré par Sophie Sain­rapt, avec une pré­face de Jean-Claude Drey­fus, Edi­tions Uni­cité, 2016.

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