Pour sa nouvelle exposition chez Maeght, Marco Del Re propose un hommage à la peinture italienne selon divers détours et une subjectivité des plus impertinentes. Parfois, la ligne violente tranche le fond noir des linogravures. Parfois, les huiles s’adoucissent dans ce qui ressemble à des tableaux de genre dionysiaque ou délicatement érotiques.
L’artiste propose un voyage aussi ludique que sérieux à travers les mouvements de l’histoire. Néanmoins, plutôt que les aligner dans un « à la manière de », il les mixe. Dès lors, le regard cherche à reconnaître clés ou allusions que l’artiste s’est plu à cacher dans ses réinterprétations au moment où il revient à la tradition des “voyages d’éducation” chers au XVIIème et XVIIIème siècles.
A l’époque, pour un artiste comme pour un poète, le périple italien était indispensable voire fondamental afin de renouer autant avec les origines de la civilisation en une poétique des ruines et pour découvrir de nouvelles approches picturale. Une telle quête s’imposait à tout créateur engagé dans un acte pictural ou poétique.
Fidèle à son « humour » au Xème degré, Marco Del Re recrée une réalité plastique particulière. Le romantisme n’est qu’un prétexte enjoué et le peintre et sculpteur le dépasse par ses audaces. Portraits de femmes en intérieur, paysages à l’Antique, scènes plus ou moins fabuleuses créent des relations sensuelles où l’emphase est parfois habilement surjouée pour le plaisir du regard.
L’exposition devient une nouvelle déclinaison de ce que Marco Del Re a déjà proposé avec sa série Villa Les Rêves. Plus qu’un autre il sait créer des exercice de style sur la peinture. Sa technique se mêle à ses fragments de mémoire. Les grands espaces italiens contrastent avec le motif de l’atelier ou de l’intime, ces lieux clos où s’absorbe la vie des femmes et s’accomplit l’œuvre. Mais l’artiste ose tout autant des propositions résolument « modernes ».
Il reste donc le créateur original à la poursuite d’un certain bonheur de faire et de montrer, loin des perspectives purement formalistes comme des quêtes simplement émotives. A travers ses multiples thématiques il offre des transformations complexes. Elles remettent en jeu la question de la peinture dans son entier.
jean-paul gavard-perret
Marco Del Re, Invitation au voyage, Galerie Maeght, du 20 avril au 24 juin 2017.
L’exposition se double d’un Catalogue avec texte de Vénus Ghoury-Ghata et Yasmine Ghata et de Poème maltais, d’Ivan Alechine avec lithographies de l’artiste.