Elise Bergamini crée d’étranges attelages entre le dessin et le corps qu’il est censé offrir. Existent des discordances augurales pour une vision décalée. Le féminin y est repris en main par la créatrice. La profondeur du propos passe par l’ellipse du dessin. Mais l’écart accroît sa présence. Elle est de l’ordre du souffle ou de la tache qui réenchante le monde et le sort de sa glaciation masculine selon un érotisme où la sensibilité remonte de manière impudique/pudique.
Il existe un espace aussi sensuel que mental. Et aussi une fraîcheur et une joie : manière de mettre la tristesse et les dégâts sous l’éteignoir. La suggestion reste le maître mot d’un travail attentif. Sa volupté est ineffable.
Demeurent une offrande et une adresse à l’état d’essence ou d’évanescence. D’où l’importance du choix du dessin. Et si l’image devient une mémoire, il ne s’agit pas de celle du temps passé mais d’un incessant avenir. Plus besoin de couples. Chaque portrait fait souche dans l’air par énergie douce et disloquante.
Le corps — du moins ce qu’il en reste (membre, geste, dessous chics) est isolé dans l’espace, il vibre dans l’air tenant à distance les monstres et le ciel en un travail de pointe, d’exactitude et l’espacement. Bref, Elise Bergamini fait éclater le compact.
jean-paul gavard-perret
Elise Bergamini, Coffret Elise Bergamini, Editions Litterature Mineure, Rouen, 2017 — 30,00 €.