Celle qui rêvait de devenir astrophysicienne : entretien avec Maud Simonnot, éditrice et écrivain ( La nuit pour adresse)

Maud Simon­not est entrée chez Gal­li­mard en 2015 après avoir été sta­giaire chez  chez P.O.L puis s’être frot­tée aux diverses contraintes de l’édition au Mer­cure de Fance. C’est donc une bonne pioche (euphé­misme) : Maud Simon­not fait preuve d’intégrité. Sévère pour elle-même comme pour les autres, elle sait trou­ver le bon grain dans l’ivraie.. Mais la lec­trice est un écri­vain rare. La nuit pour adresse sur l’auteur méconnu MacAl­mon est une mer­veille d’écriture.

Entre­tien :

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La nuit plu­tôt : le bon­heur d’être seule éveillée, un grand café dans les mains.

Que sont deve­nus vos rêves d’enfant ?
Je rêvais d’être astrophysicienne…

A quoi avez-vous renoncé ?
A peu de choses je crois. A vivre en pleine nature, pour l’instant.

D’où venez-vous ?
Des col­lines du Mor­van et des mon­tagnes cantabres.

Qu’avez-vous reçu en dot ?
En “héri­tage” ? L’esprit cri­tique, la curio­sité. La mélancolie.

Un petit plai­sir — quo­ti­dien ou non ?
Boire un coup avec une per­sonne aimée.

Qu’est-ce qui vous dis­tingue des autres écri­vains ?
Le fait que je sois éditrice.

Com­ment définiriez-vous votre approche de la bio­gra­phie ?
Une rigueur dans les recherches, une grande liberté pour l’écriture.

Quelle est la pre­mière image qui vous inter­pella ?
La lumière à tra­vers les feuilles des arbres de “ma” forêt.

Et votre pre­mière lec­ture ?
A quatre ans, une bande-dessinée, “Pim Pam Poum”.

Quelles musiques écoutez-vous ?
Pop-rock, jazz, et en musique clas­sique sur­tout des com­po­si­teurs fran­çais : Debussy, Ravel, Fauré…

Quel est le livre que vous aimez relire ?
En ce moment, deux en par­ti­cu­lier : « La nuit remue » de Michaux et « L’or des tigres » de Borges.

Quel film vous fait pleu­rer ?
Je pleure faci­le­ment au cinéma alors la liste est longue : “La Strada”, “Le choix de Sophie”, “Au revoir les enfants”, “Les lumières de la ville”, “Les choses de la vie”…

A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
J’aime écrire. Et il y a peu de choses que je n’ose pas faire. Mais j’ai tou­jours regretté de ne pas avoir écrit à Robert McLiam Wil­son après avoir lu Les Dépos­sé­dés.

Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Ura­ni­borg sur l’île de Ven.

Quels sont les artistes et écri­vains dont vous vous sen­tez le plus proche ?
La chan­teuse Barbara.

Qu’aimeriez-vous rece­voir pour votre anni­ver­saire ?
Ané­mones, renon­cules, pois de senteurs…

Que défendez-vous ?
L’intégrité.

Que vous ins­pire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est don­ner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Un cafard ter­rible pour sa jus­tesse. Mais sans que cela entame ma convic­tion que l’amour vaut la peine tout de même.

Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la ques­tion ?“
L’esprit de l’époque. Le sen­ti­ment qu’il faut répondre “oui” tout de suite. Et réflé­chir après éven­tuel­le­ment.
De manière moins cynique, ça me fait pen­ser à une autre phrase de lui qui me fait beau­coup rire : “Dieu est mort, Marx est mort. Et moi-même je ne me sens pas très bien.”

Quelle ques­tion ai-je oublié de vous poser ?
Aucune qui ne soit essen­tielle j’imagine. C’était un plaisir.

Pré­sen­ta­tion et entre­tien réa­li­sés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com, 20 mars 2017.

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