Aurores ouvertes sur un fruit mûr
Jean Frémon aime les contes, les fables, les apologues, les anecdotes, inventés ou non. Il ne s’en cache pas et cela lui permet de porter sur les choses et les êtres son regard en allant par-delà les littératures. C’est face au mystère de l’image, de son modèle (et de leur plaisir qui tue) que l’auteur crée six contes, drôles, mordants et fascinants. Il s’agit de tableaux. Ils mêlent imaginaire et réel. Frémon prouve une nouvelle fois que, selon la formule consacrée, une image vaut mille mots.
C’est là une belle leçon de modestie de la part d’un auteur qui se met au service de l’image. Il est vrai qu’il a honoré tant d’artistes. Au premier chef, celui qui l’accompagne ici : Jaume Plensa. Il lui a consacré un superbe ouvrage ; Lilliput aux éditions de la Galerie Lelong en 2013.
Une nouvelle fois, son texte se hisse à la hauteur des images. La brisure des mots y reste suspendue. Elle les creuse. Une même passion obsède les six contes : regarder le monde et en faire des images où la vie n’est pas absente. Le tout avec une grâce fragile et une fantaisie que Frémon est un des rares à réaliser. Ce sont comme des aurores ouvertes sur un fruit mûr.
jean-paul gavard-perret
Jean Frémon, Le portrait véritable, illustrations originales de Jaume Plensa, Fata Morgana, Fontrfroide le Haute, 2017, 64 p . — 13,00 €.