David Besschops (aka Van Gloo) est un parfait exemple des irréguliers belges de la langue. Après des gammes chez des éditeurs marginaux tel Boumboumtralala ou Argol, il est donc dans ses pantoufles chez « L’Ane qui butine ». Sa Mère supérieure est une fête porno pas chic mais en rien chiquée si bien que s’en est fini avec les leçons non seulement de morale familiale mais de sexologie.
L’auteur dresse le tombeau des siens loin des exposés mallarméens. Et Verheggen lui-même est relégué aux oubliettes. La matière poésie devient beaucoup plus proche en dépit des pirouettes littéraires de la poésie de Guibert et Savitzkaya, les spécialistes de la langue « indienne » du post-surréalisme wallon.
L’auteur découpe son corpus en trois « patries » accompagnées de dessins qu’on retrouve dans Besschop(s). Tout s’articule en « Ma Peur » : Pater familias et « Mamandements » au premier chef. Mais au formalisme forcené font place les sensations fortes. Elles débordent de partout en ce dérèglement de conte et règlement de décomptes. Celui qui fut retenu « par un tortillon de couleuvres aux entrailles de sa mère » l’envoie d’une certaine façon se faire voir même si tous les sens interdits ramènent à la ruche maternelle. S’y féconda puis s’y pondit l’écrivain dans l’enfant dit « l’en-duit ».
La famille en prend pour son grade tant l’auteur la dégrade. Mais cela jouit en ce que le poète ose comme as. Toutefois, hors famille ce n’est pas plus pépère. Et celui qui avait envisagé de « repeindre en jaune cirrhose le visage de sa maman et de lui esquisser dans les yeux une petite chambre à Arles, et dans le dos des blés noirs au fusain » finit de fait par le plus vibrant des hommages.
jean-paul gavard-perret
David Besschops, L’âne qui butine, Mouscron, Belgique, 2017.
- La mère supérieure (coll. Pamphlet)
- Besschop(s), (coll. Xylophage)