Gabrielle Jarzynski (Un vendredi matin) fait clignoter dans les cases du cerveau des lumières intempestives. Ses trois livres regorgent de souterrains, de sentiers, de dérives aux ingrédients inédits. Ils battent la campagne et la ville. L’écriture claque comme un drapeau de pirate sur le monde, elle devient l’embrayeur de l’imaginaire qui se nourrit à la fois de réel et de fiction. L’ostentation maquille la pudeur. Et le choix même des titres devient un nouveau compartiment de la poésie. La « confusion » programmée du réel et de fantasme permet d’échafauder des fictions plus qu’intéressantes par l’incongruité qu’elles produisent.
Gabrielle Jarzynski joue les retordes qui empoignent systématiquement les choses à l’envers. En créant d’étranges visites, elle provoque des résonances inattendues. Fidèle à son goût du cinéma, l’auteure rebondit et transforme le « filmique » en filmage : Jim Jarmusch d’un côté et Antonioni de l’autre trouveraient de quoi faire.
En savoir plus : gabriellejarzynski.tumblr.com
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Mes enfants.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Ils se dessinent et prennent de plus ou moins jolies formes.
A quoi avez-vous renoncé ?
Je ne renonce jamais.
D’où venez-vous ?
Laon (Picardie, 02).
Qu’avez-vous reçu en « héritage » ?
La liberté & la mélancolie.
Qu’avez vous dû “plaquer” pour votre travail ?
Mon confort psychologique.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
Le café entre 8h et 11h & de temps à autre une pause bistrot en fin de journée.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres écrivains ?
Mon travail.
Comment définiriez-vous votre approche du corps dans votre écriture ?
L’empreinte d’un corps sexué et sexuel, l’errance d’un corps embrasé et malmené, dans la jongle d’un paysage urbain / dépeuplé / flamboyant / surréaliste / rural .
Quelle fut l’image première qui esthétiquement vous interpella ?
La séquence finale d’explosion du film « Zabriskie Point », j’ai pleuré de beauté.
Et votre première lecture ?
« L’étranger » d’Albert Camus et « L’Iliade et l’Odyssée » d’Homère.
Quelles musiques écoutez-vous?
Celles de ma playlist, découverte de la semaine de Spotify !
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Des poèmes ou des extraits de livres piochés au hasard dans ma bibliothèque.
Quel film vous fait pleurer ?
À peu près tous les films que je regarde en ce moment.
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Gabrielle.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Mon père.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Les lieux de culte.
Quels sont les écrivains et artistes dont vous vous sentez le plus proche ?
Je ne dirais pas “proche” mais plutôt ceux qui communiquent avec ma liberté d’être. Pour n’en citer que quelques uns : Duras, Sylvia Plath, Antoine d’Agata, Cocteau, Eluard, Sade, Ren Hang, Van Gogh, Bataille, Araki, … , la liste est follement longue !
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
De la légèreté.
Que défendez-vous ?
La liberté d’être.
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas”?
Une phrase de Jung : « La rencontre de deux personnalités est comme le contact de deux substances chimiques : s’il se produit une réaction, les deux en sont transformés. »
Que pensez-vous de celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?
Se perdre et se retrouver.
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Vous désirez un verre d’eau ?
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.comle 9 mars 2017.