Andrea Bianconi étend sans cesse son champ d’investigation. Mais au-delà des genres, mediums, registres, il s’agit toujours d’une quête de mémoire. Néanmoins l’artiste ne cultive pas la nostalgie. Au George R. Brown Convention Center, les voix de Bob Dylan, Gloria Gaynor et Eugenio Finardi n’étaient plus la bande son revival, la play-list du passé mais une manière de créer un nouveau son, un espace sonore qui libèrent et délivrent.
L’œuvre reste sur une ligne de crête. Chaque pièce garde une force mystérieuse paradoxale. L’artiste prouve toujours sa capacité à la transgression et à l’humour. Cela permet d’instruire des rapports ambigus entre le monde et ses images. Tout ce qui est à la base de ses œuvres acquiert un sens poétique, une condensation nouvelle. L’artiste va ainsi d’éléments en éléments en ajourant de plus en plus le « disque » de la visibilité et en s’éloignant des vulgates esthétiques ou idéologiques en choisissant des chemins de traverse. Il fait passer de l’eau dormante à l’eau bouillonnante.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
Dès que j’ouvre les yeux (La prima apertura degli occhi).
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Quand j’étais enfant je voulais devenir pilote d’avion. Aujourd’hui je ne le suis pas mais mes ailes ont poussé. (Quando ero bambino volevo diventare un pilota d’arei, oggi non sono un pilota , ma mi sento le ali).
A quoi avez-vous renoncé ?
A beaucoup de choses, à l’ évidence elles n’étaient pas aussi importantes que ça. (A moltissime cose, evidentemente non erano così importanti)
D’où venez-vous ?
D’un village de 25000 habitants. D’autres fois de la bouche d’un volcan et d’autres fois encore de l’oeil d’un cyclone. (Da un paese d’Italia di 25000 persone, altre volte dalla bocca di un vulcano, altre ancora dall’occhio di un ciclone).
Qu’avez vous dû “plaquer” pour votre travail ?
La tranquillité. (La tranquillità).
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Moi, je ne peux pas le dire. (Non posso dirlo io).
Où travaillez vous et comment ? µ
J’ai deux ateliers un dans mon pays d’origine, l’autre à New-York. Je travaille en achetant et en trouvant des choses inutiles qui peut-être me serviront dans le futur. (Ho due studi, uno nel paese dove sono nato, l’altro a New York.….lavoro comperando e trovando cose inutili che forse in futuro mi serviranno).
Quelles musiques écoutez-vous en travaillant ?
En ce moment Jovanotti, d’autres fois je n’écoute pas de musique, d’autres fois encore Miles Davis. (In questo momento Jovanotti, altre volte non ascolto musica, altre volte ancora Miles Davis.)
Quel est le livre que vous aimez relire ?
« Le vieil homme et la mer » d’Hemingway. (“The Old Man and the Sea” di Ernest Hemingway)
Qui voyez-vous lorsque vous vous regardez dans votre miroir ?
Je cherche à me regarder le moins possible, je n’aime pas le miroir. (Cerco di guardarmi il meno possibile allo specchio, non mi piace lo specchio).
Quelles taches ménagères vous rebutent le plus ?
Pratiquement toute parce qu’elles mangent du temps. (Praticamente tutti, perchè mi tolgono del tempo).
De quels artistes vous sentez-vous le plus proche ?
Houdini ? (Houdini?).
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Un I-Pad (un I-Pad).
Que défendez-vous ?
Je défends et respecte la foi. (difendo e rispetto la fede).
Que vous inspire la phrase de Lacan : “L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas” ?
Les pétales des marguerites de je t’aime un peu beaucoup. (I petali delle margherite di m’ama non m’ama).
Et celle de W. Allen : “La réponse est oui mais quelle était la question ?“
Oui ou Non ? (Sì o No ?).
Présentation et entretien réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com le 2 mars 2017.