On connaît le grand écrivain que fut Churchill, ne serait-ce que par ses mémoires de guerre mais on oublie souvent que son activité éditoriale a été prolifique. C’est d’ailleurs par la plume que sa renommée s’est construite à la fin du XIXe siècle. Ses dons pour l’analyse, le portrait, la psychologie autant que son sens de la formule s’y donnaient à cœur joie.
On retrouve, dans les articles publiés sous la direction de François Kersaudy et Antoine Capet, toutes ses qualités, la mauvaise foi en plus. Le futur sauveur de l’Angleterre y trace de succulents portraits de grandes personnalités de l’entre-deux guerres ; celles qu’il admire ou qu’il déteste ; celles qui n’ont pas encore totalement accompli leur destin comme Roosevelt ou Hitler ; celles qui déjà appartiennent à l’histoire.
Les Français y occupent une certaine place avec Foch et surtout Clemenceau dont on sent à quel point son action inspirera celle du futur Premier ministre de 1940. Bien sûr, les communistes sont étrillés, dans des pages délicieuses, à travers la figure de Trotski tandis que les personnalités royales de George V et Édouard VIII permettent à ce monarchiste convaincu de louer le système de la monarchie parlementaire britannique.
Bien sûr, il n’y a rien d’objectif dans ses portraits écrits dans une langue magnifique, avec intelligence et subtilité ; et peu importe en vérité. Ils sont les miroirs d’un homme et d’une époque.
frederic le moal
Winston Churchill, Mes grands contemporains, préface de François Kersaudy et Antoine Capet, Tallandier, janvier 2017, 285 p. — 20,90 €.