Reine Paradis au sein de sa « Jungle » emporte vers l’errance drôle et poétique. Réalité et fiction se touchent par connivence plus ou moins érotique et fun. Existe le comique discret de ce qui pourrait tourner à l’épouvante et la clownerie des tabous. Seule la pudeur évanescente ou quasi burlesque dévoile le secret du corps féminin. Mais sous le jeu il s’agit de retrouver une paix souveraine où la femme n’est plus prise pas n’importe qui et pour n’importe quoi.
En conséquence, Reine Paradis ne cesse d’affirmer une liberté souveraine. Le tout en une subtile élégance face à la masse pullulante des blessures faites au féminin. Le seul viol revendiqué par la photographe est celui du réel. L’artiste ose un art particulier : il se pare de coquetterie, de fond bleu sur parures oranges pour laisser apparaître ce qui est tenu comme inconnu clandestin, absorbé par les images hollywoodiennes : celles de l’artiste en deviennent le contre-feu.
Entretien :
Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?
La vie.
Que sont devenus vos rêves d’enfant ?
Une réalité.
A quoi avez-vous renoncé ?
La cigarette.
D’où venez-vous ?
J’ai grandi dans le sud-ouest de la France, très isolée presque coupée de la réalité jusqu’à l’âge de 10ans.
Qu’avez-vous reçu en dot ?
Une imagination débordante.
Un petit plaisir — quotidien ou non ?
La première gorgée d’une coupe de champagne, piquante et enivrante.
Qu’est-ce qui vous distingue des autres artistes ?
Ma perception du monde. Chaque artiste a la sienne et c’est ce qui rend l’art si passionnant.
Comment définiriez-vous votre approche du corps féminin ?
La dualité entre l’innocence et sexualité.
Quelle est la première image qui vous interpella ?
La première fois que j’ai vu les étoiles.
Et votre première lecture ?
« Les Fables de La Fontaine ».
Quelles musiques écoutez-vous ?
J’aime beaucoup la musique classique surtout quand je travaille.
Quel est le livre que vous aimez relire ?
Pour l’instant il n’y en a pas. J’ai encore trop de livres à découvrir.
Quel film vous fait pleurer ?
« Lion » de Garth Davis
Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?
Une jeune femme en quête de vérité.
A qui n’avez-vous jamais osé écrire ?
Personne.
Quel(le) ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?
Los Angeles, je suis très inspirée par ce lieu depuis que j’y vis.
Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?
Les artistes du mouvement surréalistes.
Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?
Voyager en Inde. Je veux shooter une de mes prochaines séries là-bas.
Que défendez-vous ?
La liberté.
Que vous inspire la phrase de Lacan : «L’Amour c’est donner quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas»?
La solitude
Que pensez-vous de celle de W. Allen : «La réponse est oui mais quelle était la question ?»
Cela me fait sourire
Quelle question ai-je oublié de vous poser ?
Quelle est oeuvre d’art qui me touche le plus ? La messe de Requiem en ré mineur de Mozart
Entretien et présentation réalisés par jean-paul gavard-perret pour lelitteraire.com le 18 février 2017.