Celle qui fut influencée par la sculpture et la peinture et plus précisément par l’art minimaliste trouve désormais une autre voie néo pop-art. Pour preuve, l’emploi des univers fantastiques de vieux comics. Chaque portrait de Valérie Belin devient complexe sur le plan psychologique et plastique puisque tout demeure ambigu. Même l’univers premier des comics est métamorphosé par l’insertion d’éléments abstractifs. D’un monde de la confusion jaillissent des portraits de belles jeunes femmes qui semblent saisies de désespoir. Sans doute celui que le monde d’aujourd’hui leur inspire.
On est loin de ses premières images de cristaux où l’artiste peuple le monde en s’étant interdit la figuration de la présence humaine. Désormais, elle ose l’image cristal que génère le portrait qu’elle travaille en studio et en postproduction. Ce changement d’ « outil » l’a sans doute orientée vers ce régime plus général de la représentation.
Celle qui, dans cette approche, a d’abord shooté des corps bodybuildés car ils faisaient la jonction entre l’objet et le sujet travaille désormais sur les stéréotypes des médiums d’une subculture urbaine. Le portrait y est imbriqué mais semble lutter face à ce monde implicite. C’est la preuve qu’une photo réussie va toujours au-delà de la « bonne » photo. Celles de Valérie Belin et une nouvelle fois ne sont pas seulement la métaphore de l’existence. Tout se passe comme si pour ces femmes il s’agissait de rester vivantes.
jean-paul gavard-perret
Valérie Belin, All Star, Edwynn Houk Gallery, New York, du 9 janvier au 4 mars 2017.