Monsieur Gac matérialise la dénaturation des corps non sans humour et poudrages. Une femme prête à hurler est saisie au plus près, un homme énigmatique endure sa condition humaine. Mais le photographe les scénarise en jouant des artifices. Les narrations traitent les silhouettes en bouffonneries singulières. Certains modèles prennent des allures d’officiers sur leur réserve mais sont prêts à s’emboucher pour un oui, pour un non pour peu qu’ils se poussent un peu.
Il y a là autant d’indifférence que de concupiscence. Louves et loups sont étranges ou plutôt énigmatiques. Leur grimage pourrait les faire ressembler à des clowns blancs mais ne sont-ils par plutôt des dieux de guerre ? La machine expressive de Monsieur Gac fonctionne avec entrain pour dérégler ses rouages. Si bien que nulle soumission à un virage caricatural n’est possible là où le photographe feint de jouer d’un académisme théâtral dans ce qui tient d’un traité photographique de lutte et de rupture.
Le « vernis » crée des astuces par la « furbizia » des artifices. Celle-ci secoue le signifiant habituel du portrait en un système d’empreintes. Monsieur Gac en inverse le sens et le dépasse selon des apports allogènes par transpositions et distributions des rôles. Demeurent perturbation et flottement des genres : manière de « mécrire » le récit qu’on s’en fait dans une typologie photographique. Elle joue d’une certaine mode mais qui reste avant tout dissidente.
jean-paul gavard-perret
Monsier Gac, En exposition, Corridor Elephant, Paris, février 2017.