Serge Le Tendre adapte, en trois albums, le roman de David Khara. Thriller historique s’appuyant sur une machination, sur un volet secret de l’histoire du nazisme. Une organisation, dès les années 1920, veut instaurer la supériorité de la race aryenne pour un nouvel ordre mondial. Elle recrute Hitler et l’aide à accéder au pouvoir. Bleiberg est le patronyme d’un chercheur en physique nucléaire qui a convaincu Himmler qu’il pouvait créer un übermensch, un surhomme capable de régénérer la race pure aryenne. L’intrigue se déroule de nos jours, mais de nombreux flashbacks éclairent la partie historique de l’Allemagne de 1924 à 1944.
Un trader qui bosse pour des fumiers de Wall Street fête sa nouvelle victoire. Il vient de faire gagner un milliard de dollars à sa boîte. En partant en virée, avec deux filles, il tue une gamine de quatre mois.
Jérémy vit mal depuis six mois, depuis ce drame. Il se réveille, avec la gueule de bois, en revivant la scène. Aussi peste-t-il quand la sonnette retentit. Deux militaires lui présentent les condoléances du gouvernement et lui remettent un drapeau, ainsi que les décorations de son père, le lieutenant-général Daniel J. Corbin. La nouvelle réjouit Jérémy car, il y a vingt-cinq ans, Corbin les abandonnait sa mère et lui.
En route pour annoncer la nouvelle à sa mère, hospitalisée dans un service de neurologie, il téléphone à son mentor, Bernard Dean, qui est également son patron. Celui-ci lui demande de s’occuper de sa mère en prenant le temps qu’il faut. Mais celle-ci ne réagit pas comme s’y attendait Jérémy. Elle lui remet un pendentif en lui disant qu’il est grand temps qu’il sache… qu’il comprendra plus tard. De retour chez lui, par hasard, il ouvre le bijou qui contient un code bancaire et une clé décorée d’une croix gammée. C’est à son poste de travail qu’il cherche la correspondance du code quand survient Dean. Il lui révèle qu’il est l’auteur du code, celui d’un coffre à Zurich, qu’il connaissait bien son père, qu’il fait partie de la CIA. Son père a été témoin d’événements étranges. Il a dû disparaître…
Jérémy se retrouve au cœur d’une affaire qui le dépasse et sa vie bascule…
Autour du héros, que l’on aime détester lors des premières pages, mais qui se révèle un individu tout autre que celui qui était en représentation, s’inscrivent trois autres intervenants principaux : Jacqueline Walls, la jolie et très efficace garde du corps de Jérémy, Eytan Morg, l’agent du Mossad et Bernard Dean, le mentor, celui qui est là depuis le début de l’affaire et qui en sait beaucoup plus long qu’il ne le révèle. Le jeu entre ces acteurs est remarquablement orchestré suscitant suspense, tension, actions, révélations, péripéties et rebondissements. Quelques scènes plus légères comme les relations qui s’établissent entre Jacky et Jérémy permettent de respirer.
Frédéric Peynet signe un dessin réaliste et propose de magnifiques vignettes aux couleurs ciselées. Ses décors, comme les perspectives de New York, sont élaborés et soignés. Il donne à ses personnages, en quelques traits, des visages expressifs et excelle à rendre les phases d’actions, leur donne puissance et dynamisme.
Les Fantômes du passé place la barre assez haut sur une échelle de qualité. Une série à suivre avec intérêt.
lire notre critique du tome 2 : “Le Projet Bleiberg”
serge perraud
Serge Le Tendre (scénario d’après le roman de David Khara) & Frédéric Peynet (dessin et couleur), Le Projet Bleiberg, t.1 : “Les Fantômes du passé”, Dargaud, 2017, 64 p. – 13,99 €.