Christophe Arleston & Adrien Floch, Sangre — t.1 : “Sangre la survivante”

Quand seule la vengeance…

L’his­toire de Sangre s’appuie sur l’accomplissement d’une ven­detta, celle d’une petite fille qui veut ven­ger les morts de sa famille et espère retrou­ver sa mère. Ils sont huit qu’elle veut retrou­ver, le ligat qui per­met­tait aux écu­meurs de fuir et les sept meur­triers qui ont déci­més le convoi.
Une jeune femme tor­ture un homme avec le jeu des mille cou­pures pour obte­nir sept noms. Elle our­dit sa ven­geance depuis dix ans, depuis qu’à sept ans, petite fille de pai­sibles vigne­rons, elle a vu son père et son frère assas­si­nés, sa mère emme­née comme esclave par la Com­pa­gnie des Sombres écu­meurs, une bande de pillards sans pitié. Elle a dû aban­don­ner Loup son jeune chien.
Presque morte, elle a été recueillie par Dame Ydre­lène de l’Ordre des Très Secrètes Dames imma­cu­lées qui l’emmène dans le Magis­tère d’Elm. Contre l’avis de la supé­rieure, elle veut la gar­der car elle a vu un Ligat, cette confré­rie qui per­met de se trans­fé­rer d’un point à l’autre selon une suc­ces­sion de nœuds. Mais la petite pay­sanne est en butte aux per­sé­cu­tions des autres gamines, issues de la haute société. Lors d’une leçon, elle se fait piquer avec une aiguille par une des petites pestes. Exclue du cours, elle remâche sa colère et… découvre son talent : elle peut figer le temps pen­dant quelques bat­te­ments de cœur. Mais la supé­rieure pro­fite de l’incident pour la chas­ser du magis­tère. Sa pro­fes­seure pense lui avoir trouvé un refuge chez un brave homme mais, en le voyant mal­trai­ter un des enfants déjà recueillis, elle fuit. Elle vit alors dans la rue, en com­pa­gnie de Loup, qui l’a retrou­vée et qui est devenu un fauve. Elle uti­lise son talent pour se nour­rir. Elle espionne l’endroit où les ligats usent de leurs capa­ci­tés à fran­chir les nœuds. Les années passent jusqu’à…

Chris­tophe Arles­ton a conçu sa série en huit albums, le pre­mier posant le cadre et expo­sant le par­cours vers une pre­mière ven­geance. On peut, sans trop se trom­per, pro­nos­ti­quer un album par assas­sin encore dans la nature. Le scé­na­riste tem­po­rise le fil de son récit avec des scènes secon­daires pour que la fillette devienne une com­bat­tante. Une pointe de magie avec le talent de la jeune héroïne, des intrigues secon­daires autour de per­son­nages pré­sents dans le magis­tère per­mettent au scé­na­riste de construire une intrigue fort plai­sante avec, cette fois, peu d’humour. Il aban­donne dans cet album le ton léger, les jeux de mots impro­bables, les blagues potaches qui ont fait le suc­cès de ses pré­cé­dentes créa­tions.
Si les desi­gns sont de Fred Blan­chard, Adrien Floch fait mer­veille avec son des­sin aux traits légers, fin avec toute l’élégance qui sied à cette his­toire et tout le dyna­misme des scènes d’action. Il donne des per­son­nages expres­sifs, un bes­tiaire de belle allure et anime joli­ment une petite fille. Claude Guth, quant à lui, assure la mise en cou­leurs, un tra­vail magni­fique mal­gré son appa­rente sim­pli­cité car il sait jouer avec des dégra­dés, faire évo­luer par touches infimes la chro­ma­tique de ses pay­sages. Optant pour des cou­leurs lumi­neuses, il donne un ton attrac­tif, vivant à cet album.

Avec ce pre­mier volet, Chris­tophe Arles­ton accroche son lec­teur et laisse sup­po­ser une série attrayante à souhait.

serge per­raud

Chris­tophe Arles­ton (scé­na­rio), Adrien Floch (des­sins) Fred Blan­chard (desings), Claude Guth (cou­leurs), Sangre - t.1 : “Sangre la sur­vi­vante”, Soleil, octobre 2016, 56 p. – 14,95 €.

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