Revue Fusées, n°22

Lux in tene­bris Lucette

Fusées  est sous cou­vert d’une réfé­rence bau­de­lai­rienne une brouette à bras qui cahote uni­que­ment sur les voies du sno­bisme et du côté his­to­ri­que­ment médaillé d’Auvers-sur-Oise. Son direc­teur a su y deve­nir le ras­sem­bleur d’un conglo­mé­rat de signa­tures. Celui-ci forme l’ouvroir du bien pensé poé­tique et plas­tique. Cer­tains (Prigent, Dezeuze) sont dignes du plus grand inté­rêt, d’autres de par­faits fai­seurs d’émollientes rémou­lades.
Ce fut par exemple, et paix à son âme, le cas de Michel Butor. Ses textes en vers et contre tout res­te­ront à la poé­sie ce que les pos­tiches sont aux chauves. Par égard pour eux rien, ne sera dit des pré­ten­dus pen­seurs vivants qui se pâment dans cette gare d’Austerlitz, ce Water­loo de rose.

La revue est par excel­lence le lieu snob et cla­nique, sorte de Théâtre du Rond-Point pro­vin­cial. Bref, la place tou­bib où serait soi­gnée la poé­sie du temps. Elle est han­tée de Tris­so­tin­tins et mil­diou. L’autocongratulation est per­ma­nente. Et le direc­teur a même fait sur son site la stalle des hom­mages de tous ceux qu’ils publient. Résu­mons : en un conclave per­ma­nent opèrent les dia­foi­ru­sés de la lit­té­ra­ture abba­tiale et de cours. La revue est deve­nue le repaire des mètres pen­seurs vieillis­sants d’une moder­nité au pochoir et en fabrique d’éternité sous forme d’éther vague.
La lit­té­ra­ture y est cou­tu­rée en bana­li­thé au lai­tance bio, l’art est découpé en fesse thon dans la pleine lune. Le non-sens se retire à mesure que le direc­teur cherche à épin­gler les noms aux effets-mères, les Duchamp d’honneur du nou­veau siècle. Elle est la signa­lé­tique par­faite d’en être ou de ne pas être. Et s’il n’est pas ques­tion de jeter tous les bébés avec l’eau de ce bain, force est de contac­ter que, côté sno­bisme, nul n’a fait mieux. Le plus pro­bant du prêt-à-penser et à-montrer reste en par­fait ordre de marche, en ortho­go­na­lité osten­ta­toire. Sous le leurre de tor­sions, la rodo­mon­tade vin­tage a tout droit de cité.

jean-paul gavard-perret

Revue Fusées, n°22, Edi­tions Carte Blanche, 2017.

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