Une expérience avec un super collisionneur de particules, menée au-delà des limites de sécurité, a ouvert une porte vers les enfers, des enfers bien différents de ceux décrits par les religions du Livre.
Emily Loughty, la responsable du programme est passée dans ce monde. John Camp, son compagnon, a été la rechercher. Ils en sont revenus, mais cet univers pratique la règle de l’échange, aspirant de nouvelles personnes et ramenant des criminels. Arabel, la sœur d’Emily, ses deux enfants de deux et trois ans, et Delia May une agente du MI5, qui se trouvaient dans la cantine du centre scientifique sont aspirés, ainsi que Duck, un damné ramené lors du retour du couple. Ce dernier se porte volontaire pour aller rechercher les humains aspirés. Mais, au centre, les événements se succèdent. Le directeur, responsable du premier passage est remplacé par un non-scientifique. Emily et John se préparent à un second voyage en fonction de leur connaissance du terrain, de ses carences.
En enfer, comme sur Terre d’ailleurs, la délation bat son plein. Les deux femmes et les enfants sont repérés, dénoncés aux soldats qui les emmènent. John apprend qu’un autre groupe d’humains a été aspiré. Comment retrouver toutes ces personnes, surtout comment les arracher aux griffes de ces criminels qui, maintenant, les attendent ? Dans notre univers, la chasse aux damnés est intense. Mais d’un côté comme de l’autre une course contre la montre s’engage car le passage va bientôt se refermer… définitivement !
Dans ce second tome de la trilogie, si l’auteur reprend les personnages principaux, il ordonnance, cependant, quelques aménagements dans la distribution, mettant en avant des seconds rôles, créant quelques nouveaux acteurs pour développer son intrigue et poursuivre l’exploration des enfers. Ils évoluent dans l’univers déjà décrit, le romancier ajoutant nombre de données nouvelles, accroissant ainsi un récit enrichi de belles trouvailles.
Bien que dans sa forme et son fonctionnement, ces enfers n’aient rien à voir avec ce que promettent les religions, ils n’ont toutefois rien à leur envier. En pragmatique, Glenn Cooper laisse de côté diables aux queues fourchues titillant des damnés mais s’inspire du fameux principe mis en avant par Jean-Paul Sartre : “L’enfer, c’est les autres.”, une vision, hélas !, bien juste de la réalité. Aux flammes, il substitue la boue, une atmosphère morne, et les tourments imposés par les autres hommes. Il crée en l’occurrence des catégories de nuisibles, de nuisances, dans un ensemble cohérent, un cadre proche du monde féodal avec une pléiade de criminels du plus bel effet. Il n’hésite pas à malmener ses personnages, tenant pour eux le rôle d’un Lucifer cruel.
Ce récit, alliant thriller scientifique, roman d’aventures et d’actions, récit de fantasy, se lit avec un grand plaisir pour la tonicité de son intrigue, pour ses galeries de personnages, ceux de notre univers ou ceux des enfers. Le troisième volet est attendu avec impatience.
serge perraud
Glenn Cooper, La Terre des Damnés, t.2 : “Le Feu des âmes” (Down : Portal) traduit de l’anglais par Diniz Galhos, cherche midi, coll. “Thrillers”, janvier 2017, 624 p.- 22,90 €.