Lucie Baratte a toujours rêvé de rencontrer Janis Joplin. Mais le seconde est morte en 1970 et son admiratrice est née en 1981. Face à cette impossibilité temporelle et suite à une « crise existentielle » lorsqu’elle eut l’âge terminal de son héroïne, l’auteure est partie pour les Etats-Unis sur les traces de la rockeuse blues-woman. Du Texas à la Californie, de la rencontre de Sam Andrew (le guitariste de Janis) à celles des moustiques, l’artiste au volant d’une Chevy de location a remonté une double histoire : celle de son voyage et celle de la vie de Janis.
Par ce road-book initiatique, elle cherche à explorer les affres et les contradictions de la nature humaine et à réconcilier mots, musique et photographie. Des accents sombres traversent le livre. Des drôleries aussi. Lucie Baratte sait ne pas se prendre au sérieux et cultiver une part d’autodérision lorsque cela est nécessaire. Les vestiges du passé font écho au présent en train de se construire. Tout à la fois se retient et s’ouvre.
Le livre superbement typographié ne mitonne pas dans la soupe nostalgique. Et la trentenaire cultive l’adolescence enfouie, les amours déçus selon une fragilité séduisante. Rien de mièvre, mais la tendresse : oui. Souvent Janis pleurait, Lucie aussi. Une même hypersensibilité se perçoit chez les deux femmes. Mais Lucie est tournée vers le vivant même lorsqu’elle fait œuvre de résilience.
Son écriture est bien plus altruiste que compassionnelle. Elle rend hommage à celle qu’elle n’a jamais rencontré mais dont l’étoile demeure dans la caresse et la morsure des accents de Janis.
lire notre entretien avec l’auteure
jean-paul gavard-perret
Lucie Baratte, Looking for Janis, www.kaleidoscopeye.com, 2017.