Patrick Varetz, Sous vide

Misère de l’homme

L’homme est faible, sa chair sur­tout. Mais en consé­quence ce qui va avec. Tout cela le rend pusil­la­nime. Il se jus­ti­fie, tente de sau­ver les meubles. Cela et le reste — à savoir ce que le nar­ra­teur nomme amour -« s’apparente à un tiraille­ment sourd, et par­fois à une gêne dans la gorge et der­rière les yeux, une faim impos­sible à ras­sa­sier. Ce n’est jamais dirigé contre quelqu’un en par­ti­cu­lier ».

Bref, tout est ques­tion d’opportunité. Le « mon tré­sor » devient une tabla­ture sur laquelle il s’agit plus ou moins de jouer. Le saut dans le lit comme le livre est mélan­co­lique. Du fleuve Amour il ne reste qu’un filet d’eau et un roseau pensant.

Tout s’absente — et jusqu’à la pluie. Jouer les grands airs décline et don­ner le branle même à l’esprit se com­plique. L’amant tente encore d’attirer la dia­blesse selon une sco­las­tique admise. Mais le héros est ce qu’il est. C’est-à-dire pas grand chose. Son esto­mac reste encore dans les talents et les talons hauts de celle qui éponge sa soli­tude en contin­gente pas­sa­gère ou mouche du coche cau­dale sous son man­teau. Mais il ne faut lui deman­der plus que ce qu’elle a déjà donné. A l’impossible nul n’est tenu.
Et le nar­ra­teur, satyre de bas étiage, fait encore moins bien que ses com­parses. Sa comé­die finit en plai­doyer pro-domo qui ne convainc per­sonne. Pas même lui. Mais le livre séduit,  son l’histoire s’abîme dans des oppor­tu­ni­tés qui rendent le nar­ra­teur de plus en plus seul dans sa masse de mélasse.

jean-paul gavard-perret

Patrick Varetz, Sous vide, P.O.L Edi­tions, Paris, 2017.

 

 

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