L’homme est faible, sa chair surtout. Mais en conséquence ce qui va avec. Tout cela le rend pusillanime. Il se justifie, tente de sauver les meubles. Cela et le reste — à savoir ce que le narrateur nomme amour -« s’apparente à un tiraillement sourd, et parfois à une gêne dans la gorge et derrière les yeux, une faim impossible à rassasier. Ce n’est jamais dirigé contre quelqu’un en particulier ».
Bref, tout est question d’opportunité. Le « mon trésor » devient une tablature sur laquelle il s’agit plus ou moins de jouer. Le saut dans le lit comme le livre est mélancolique. Du fleuve Amour il ne reste qu’un filet d’eau et un roseau pensant.
Tout s’absente — et jusqu’à la pluie. Jouer les grands airs décline et donner le branle même à l’esprit se complique. L’amant tente encore d’attirer la diablesse selon une scolastique admise. Mais le héros est ce qu’il est. C’est-à-dire pas grand chose. Son estomac reste encore dans les talents et les talons hauts de celle qui éponge sa solitude en contingente passagère ou mouche du coche caudale sous son manteau. Mais il ne faut lui demander plus que ce qu’elle a déjà donné. A l’impossible nul n’est tenu.
Et le narrateur, satyre de bas étiage, fait encore moins bien que ses comparses. Sa comédie finit en plaidoyer pro-domo qui ne convainc personne. Pas même lui. Mais le livre séduit, son l’histoire s’abîme dans des opportunités qui rendent le narrateur de plus en plus seul dans sa masse de mélasse.
jean-paul gavard-perret
Patrick Varetz, Sous vide, P.O.L Editions, Paris, 2017.