De la nature de l’ humaine condition
En 130 tableaux, peintures, dessins et installations issus de la Collection Würth, et en passant de le fin du XIXème siècle à aujourd’hui, l’exposition prouve combien les représentations de la figure humaine répondent non à une copie d’une réalité physiologique mais cherchent à percer la nature de l’ « humaine condition » par « l’esprit » des formes.
L’art du portrait et du nu reste donc essentiel dans l’histoire de l’art. De l’idéalisation de la statuaire grecque jusqu’aux déconstructions du corps entamées par l’art à partir du XXème siècle, le genre a subi différents types d’avatars à la fois pour dégager le corps des miasmes du monde ou à l’inverse pour le plonger dans les débordements issus des meurtres collectifs comme des délires de la société de consommation.
De nos jours, les traitements numériques ou chirurgicaux ont créé des imageries particulières où l’image de la “persona” est remise en question. Elle se virtualise, se complexifie, se détache d’une nature idéale ou non. Aux diktats et aux normes sociales répondent dans l’art d’autres indices de variations comme le prouvent ici les œuvres dynamiques et iconoclastes de Picasso, Baselitz, Warhol, Jaume Plensa, Magdalena Abakanowicz, Gilbert & George .
L’exposition est ambitieuse et passionnante. Les aiguillons du désir y sont retenus. La « beauté » prend un nouveau sens. Exit le joli, le charme ou l’immanence. De plus en plus, il existe du lointain dans le proche, la partie suggère le tout, comme la suggestion maîtrise la tension, et le mou remplace au besoin le dur. De la sorte, l’incarnation est secondarisée afin que l’émotion soit plus forte en ce qui tient d’un cérémonial qui intellectualise la pulsion. Demeure néanmoins et de ce fait un trouble de plus en plus violent.
jean-paul gavard-perret
De la tête aux pieds. La figure humaine dans la Collection Würth, Musée Wurth, Erstein Erstein, du 31 janvier au 10 septembre 2017.