Créatrice avec Philippe Blondeau de La Passe, Ouvroir de poésie sauvage et magique, fabrique à ciel ouvert de créatures grotesques et tragiques. Haut-fourneau de l’enfance et de l’animalité. Observatoire des extrémités du vivant», poétesse « polyphrène et polymorphe », Tristan Félix ose des voyages intempestifs voire comme ici aux extrémités du vivant et où celui-ci n’est plus de mise. Il s’agit de s’affronter aux monstres stricto sensu. A savoir, aux êtres morts-nés car non viables eu égard à leurs malformations et conservés dans des bocaux.
Selon la poétesse, ils pourraient devenir « les repentirs utérins de nos peintures vivantes ou le contraire ». Il y a là les ratages des épiphanies de vie, les « marcottons de l’épouvante » comme l’écrit H. Haddad dans sa préface. De ce qu’il nomme des « bocaux hypnotiques », le préfacier tire d’ailleurs des conclusions qui, et pour le bien, de Tristan Félix, ne sont pas les bonnes.
Mais une question demeure. Les photos étaient-elles utiles ? Dans l’esprit de l’auteure sans doute, vu son projet d’ouvroirs potentiels. Mais n’est-ce pas là faire si peu confiance à des textes qui se suffisaient par eux-mêmes ? La présence de leur « causalité» enlève de la pertinence à une écriture qui dit mieux que les restes spongieux où elle plonge ses racines.
Dans ce jeu de la vie et de la mort, là où nul ne sait plus qui est le « ludion » et qui est « l’inconnu », ce qui se trame va bien au-delà de la simple imagerie. En ce sens, la seconde partie du triptyque « la livrée des morts » est plus forte que la première (« fétus ») et la troisième (« félidées noires »). « La folle innocence » de l’écriture avait besoin d’une nappe plus vierge que celle tendue par la créatrice comme si elle avait peur que les gruaux magiques de sa poésie ne suffisent pas à faire jaillir les « uterriens » mal dégrossis. Bref, l’illustration d’un formol amniotique non seulement n’ajoute rien au texte mais d’une certaine manière il en réduit le coin et le « gématrie ».
jean-paul gavard-perret
Tristan Félix, Observatoire des extrémités du vivant (triptyque), Tinbad Poésie, 2017, 170 p. — 20, 00 €.
Bonjour,
Le site que vous indiquez est obsolète après avoir été en chantier pendant un an. Le site actif est celui-ci: http://www.tristanfelix.fr/
Le tirage charbonneux que vous avez reçu a par ailleurs, comme annoncé dans le SP, été remplacé par un tirage fidèle aux marcs d’origine.
Bien à vous.
TF