Le désir rattrapé par la queue
Plus de vingt ans après son écriture, le peintre, écrivain, poète, photographe, documentariste Jacques Cauda voit enfin la queue du tunnel pour ce qu’il considère non sans raison comme son chef-d’ œuvre : il est enfin publié. Sa fiction est une lady des plus ébouriffantes donc forcément elle décoiffe. Entre autres. Et dans gerbes zizaniques et en des outrages cathartiques qui rendraient malades les Cathares. Que les amateurs de romans noués à l’ancienne passent outre. Il y a là du Rabelais, du Raymond Roussel, de Sade aux messes câlines, du Michaux à la mescaline, du Artaud dans cette folie littéraire qui tient la route (défoncée) et ses promesses (jamais déçues).
Au besoin et pour que le lecteur se perde un peu plus dans les dés et les dalles d’une fiction donnée pour sérieuse (avec abondance de notes à la clé de sol), des tablatures sont introduites (mais ce ne sont pas les seules) en tant que schémas forts des halles.
Dans cette histoire de fantômes-masses, les sales « ghosses» non seulement grouillent de mots en des listings à faire enrager Pantagruel mais le « lecteur bien aimé » voit des moines et d’autres tristes sires encaustiqués prêts en s’emparer d’Irma la Douce pour jouir entre ses seins eu égard à l’état de sa glotte « gorgée d’escarres et amidonnée de foutre ». Preuve — s’il en fallait — que le roman est foutraque et délicieux, plein d’images et de bruits fussent-ils d’un Sphinx ter.
Dans sa « Comilédie » trop humaine, Cauda est donc tout sauf un étroit mousquetaire. D’autant qu’il y a là plus de mousse que de terre — fût-elle promise. Celui qui se veut un savant de Marseille joue le cuistre et le cuisse-tôt, ses vierges et ses verges, droites comme des I, sont du même tonneau de Diana ivres. Rose est la vie et l’abbé C de Bataille file dans l’allégresse jusqu’à X.
C’est plus qu’un délice et un ravissement littéraire et artistique. Il fait courir le lecteur d’une page à l’autre comme derrière une femme aux « jambes si passantes » qu’elle en devient une « Olympiaf d’impatience ».
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jean-paul gavard-perret
Jacques Cauda, Comilédie, Tinbad Roman, 2017, 172 p . — 20,00 €.
“Comilédie”, attention chef-d’oeuvre ! Sages et singes de littérature anodine, émolliente, s’abstenir. Une belle revanche puisque, plus de 20 ans après sa composition tel free jazz : solo d’Albert Ayler, Ornette Coleman ou Pharoah Sanders, voici enfin publié ce roman, cet OLNI lancé à la figure de la médiocrité et du consensus lénifiant éditorial par les audacieuses éditions Tinbad. Une grenade enfin dégoupillée ! Murielle Compère-Demarcy.
Chapeau bas !…
“Comilédie”, attention chef-d’oeuvre !
Sages et singes de littérature anodine, émolliente, s’abstenir.
Une belle revanche puisque, plus de 20 ans après sa composition tel free jazz : solo d’Albert Ayler, Ornette Coleman, ou Pharoah Sanders, voici enfin publié ce roman, cet OLNI lancé à la figure de la médiocrité et du consensus lénifiant éditorial, par les audacieuses éditions Tinbad.
Une grenade enfin dégoupillée !
Murielle Compère-Demarcy
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