Corbeyran ou l’art de ne plus savoir s’arrêter à temps
En annonçant la fin des aventures d’Asphodèle la sorcière pour ce second tome, Corbeyran nous avait donné un espoir : celui de rompre avec son infernale gourmandise feuilletonesque. Mais las ! Car si l’intrigue initiée dans le premier volume trouve effectivement ici son épilogue, elle se révèle n’être qu’une large ballade convenue et introductive.
Que reste-t-il donc en définitive, à la lecture de cette “Corde d’argent” ? Franchement pas grand-chose. Faire prendre la mayonnaise du suspense, Corbeyran sait faire pourtant, mais échaudé par sa série principale — Le chant des Stryges — dont l’intrigue huilée et prometteuse mouline en surplace, le lecteur se méfie, d’autant qu’il lui faudra faire un bel effort d’imagination pour frissonner face à cet univers paranormal un chouia rabattu. S’il y consent toutefois, certaines scènes malheureusement surjouées peuvent arracher un frisson, pour peu que l’on ait baissé la clim en position « été ».
Coté dessin, Defali (Garous, comme « Loups-garous », pas comme des clones du chanteur) est irréprochable malgré quelques emprunts qui nuisent à la crédibilité de l’ensemble, telle la fameuse corde d’argent — lien entre les corps physique et psychique d’Asphodèle — directement piquée à l’univers d’ExistenZ de Cronenberg. En bref, une série bien emballée mais guère emballante, à laquelle on laissera toutefois sa chance sur la durée. Faut-il s’en réjouir ? Corbeyran nous promet pour le prochain tome une rencontre entre Asphodèle et… les Stryges. Acharnement à construire une oeuvre globale où utilisation compulsive d’un terme vendeur ? Franchement, on ne sait plus.
d. perez
Corbeyran, Defali et Schelle, Asphodèle — Tome 2 : “La corde d’argent”, Delcourt, 2003, 48 p. — 12,50 €. |