Ou comment sortir du platonisme de l’image
A travers ses paysages, Victoire Cathalan déplace les symptômes du réel et la nature de la peinture. Celle-ci devient plus tactile, incisive tout en demeurant diaphane. Il existe des coupes dans des forêts amazoniennes ou des songes. Elles offrent une beauté et une épistémologie du monde. L’artiste est l’inspiratrice et la créatrice exigeante d’un monde secret où le réel est une literie qu’elle découvre afin qu’il ne reste pas couché.
La végétation demeure étrange et les buts de l’artiste peuvent sembler mystérieux. Ils sont en marge de la littéralité : une brillance apparaît. La végétation passe du sombre au translucide. En rien douce rêveuse mais travailleuse imperturbable, Victoire Cathalan prouve qu’une image est toujours la résultante d’une autre image. Se crée en conséquence une dialectique poétique. On sort enfin du platonisme : l’image prend un aspect différent là où s’ajoure de plus en plus le disque de visibilité.
Ce travail oscille en un double mouvement de diffusion et d’absorption. L’écart entre ces deux termes n’est pas si éloigné que cela. L’objectif reste toujours le même : s’éloigner des vulgates esthétiques ou idéologiques en choisissant des chemins de traverses. Ils permettent des études aussi physiques que métaphysiques et des interactions entre la matière et l’esprit, dehors et dedans.
Ces échanges ne sont jamais fumeux. Ils produisent de la couleur et créent divers types de volume en un arrêt du temps comme en sa mise en mouvement.
jean-paul gavard-perret
Victoire Cathalan, Éléments, solo show, Espace L, Genève, vernissage 19 janvier 2017.