Vers un space opera de légende
Laurent Genefort est fasciné par le space opera, les univers et… les livres-univers. Il a soutenu, avec succès, une thèse sur ce sujet avec Dune, La Compagnie des Glaces, Hypérion… Dès ses débuts en écriture, il développe la Panstructure, son propre univers dans lequel il place la plupart de ses romans, des mondes fourmillant de trouvailles. Omale, considéré comme une pièce maîtresse de son œuvre, s’y rattache. Parallèlement, il a imaginé les Vangk, une race, à la civilisation technologiquement très avancée, qui a semé nombre d’artefacts dans l’univers, des portes autorisant des passages de systèmes stellaires en systèmes stellaires.
Omale s’inspire d’une sphère de Dyson, cette structure hypothétique décrite par un physicien mathématicien américano-anglais. Elle consiste en un globe artificiel et creux, situé autour d’une étoile afin d’en capturer presque toute l’énergie émise pour une utilisation industrielle. Créée par les Vangk, Omale est découpée en Grand’Aires de plusieurs centaines de milliards de kilomètres carrés, séparées par des zones de vide. L’une de ces zones, habitable, abrite les Humains, une colonie importée par les Vangk il y a seize siècles et deux autres espèces extraterrestres, les Chiles et les Hodgqins. Si la cohabitation a été difficile, le pacte de Loplad permet aux trois peuples de vivre dans une paix et une tolérance relatives.
Si les premiers romans s’appuient surtout sur les aventures de la colonie humaine, avec Les vaisseaux d’Omale, Laurent Genefort invite ses lecteurs à découvrir la société des Hodgqins. Ipis, une scientifique humaine, est en possession d’un message provenant des Æzirs, une race qui habite à l’intérieur d’Omale et qui entretient des relations commerciales épisodiques avec la surface. Ils proposent un voyage vers une des lunes captives pour en percer le secret. Cette connaissance pourrait bien changer l’avenir du Grand’Aire. Il faut qu’Ipis arrive à convaincre les Hodgqins, seuls capables de réaliser le vaisseau autorisant ce voyage spatial vers ce satellite d’Héliale.
Ipis est une femme qui n’est devenue scientifique qu’après avoir dû lutter contre les préjugés régnant au sein de son espèce. Membre d’un programme d’observation et d’exploration des satellites d’Omale, elle noue une relation privilégiée avec Liewhand leur représentant. Si Humains et Hodgqins travaillent ensemble, ils omettent les Chiles… jusqu’à l’apparition de Sunrethaïrm et de sa flotte, qui chercheront à s’impliquer à tout prix dans le projet. Un groupe restreint peut, au terme d’un voyage éprouvant, partir vers leur conquête. Mais dans quelles condition et à quel prix…
Laurent Genefort compose avec minutie son univers, soignant les composantes physiques et déclinant les conséquences de celles-ci sur les peuples qui vivent sur Omale. La sphère creuse est, par nature, dépourvue de sous-sol, donc de richesses minières. Cette carence entraîne une disparition des connaissances de techniques dont la mise en œuvre impose une consommation soutenue de telles ressources. Il lui faut donc inventer de nouvelles possibilités, ce dont il ne se prive pas !
L’auteur se passionne également dans la description physique des plantes et des animaux et leur fonction dans un écosystème. Le space opera actuel, donc il est l’un des promoteurs veut : “…essayer de conserver l’émerveillement des mondes étranges, tout en y appliquant une forme de réalisme qui favorise l’immersion. Les idées vis-à-vis des formes vivantes sont comme toutes les idées : le fruit de l’inspiration, de lectures, de documentation.“
Mais l’auteur n’a pas la tête que dans les étoiles. Il intègre dans ses récits des problèmes sociétaux actuels comme la place de la femme dans nos sociétés, une situation qui n’entraîne pas à l’optimisme quant à l’amélioration du statut féminin.
Les vaisseaux d’Omale ajoute un nouveau volet d’une grande qualité à cet univers en gestation, un développement passionnant et une ouverture vers de nouveaux territoires que l’on a hâte d’arpenter en compagnie de cet auteur qui maîtrise si bien l’art du récit.
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serge perraud
Laurent Genefort, Les vaisseaux d’Omale, Folio SF n° 557, septembre 2016, 510 p. – 8,70 €.